Aujourd’hui, une actualité en chasse une autre. Qui se soucie encore du sort des Iraniens suite à l’élection contestée de leur président… et QUID du matraquage médiatique autour des Jeux Olympiques de Pékin ?
Ce phénomène « d’évacuation » m’amène à me poser la question de savoir si l’écologie risque de figurer bientôt dans la rubrique nécrologique.
Quand l’actualité devient un fait divers
Les médias traditionnels traversent aujourd’hui une crise sans précédent. Pierre Fraser, linguiste et auteur de « Créez votre empire médiatique », explique comment l’arrivée d’internet a bouleversé le monde du journalisme.
Le modèle économique des rédactions reposant sur la vente d’espaces publicitaires, le web a offert aux annonceurs un nouveau support pour réduire leur budget communication.
Les répercutions financières n’ont pas trainé, entrainant des choix lourds de conséquences : engager moins de journalistes et déployer moins de moyens pour couvrir une actualité toujours plus vaste.
Ces changements ont conduit à un appauvrissement du contenu, tirant inévitablement vers le bas la qualité de l’information diffusée.
Pour palier à ce manque de moyens, les journalistes surfent sur l’effet « nouveauté » sans approfondir leur sujet et enquêter (ndlr : ceci n’est pas une généralité).
Le traitement de l’actualité est en partie responsable de notre façon quasi boulimique de consommer de l’information : nous la digérons à vitesse grand V et tirons la chasse pour nous remettre à table aussitôt.
L’écologie : un effet de mode ?
D’aucuns diront que dans un tel contexte, l’écologie risque de n’être plus qu’un effet de mode. Le magazine Elle éditait d’ailleurs, début 2009, un numéro spécial écologie intitulé “Et si on vivait autrement?”
Dévorant les articles les uns après les autres, j’ai d’abord pensé que l’écologie était enfin passée sur le devant de la scène, et qu’il fallait s’en réjouir.
À présent, cette Une me fait frémir : et si comme toutes les modes affichées en première de couverture sur Elle, l’écologie devenait « has been » la saison prochaine ?
J’ai réalisé à quel point cette idée pouvait devenir réelle, et pris conscience de la nécessité d’allier l’action à la parole… parler moins, agir plus.
Pouvons-nous changer l’histoire ?
Selon Thucydide, l’histoire est un perpétuel recommencement.
Souvenez-vous de la période hippie, un élan contre-culture qui signifie ouvrir les yeux en Wolof (langue sénégalaise). Rappelez-vous surtout comment ce mouvement est mort faute d’une orientation claire et concrète.
Et si nous avions aujourd’hui les moyens de donner une direction forte au mouvement écologique que le monde est en train de vivre !
Pour que l’écologie résiste à l’effet de mode et au phénomène « d’évacuation », il faut agir et changer les choses : imaginer des solutions alternatives, sensibiliser pour faire évoluer les mentalités… entreprendre, et faire en sorte qu’elle ne soit pas qu’un fait divers de plus.
Pallier est un verbe transitif…
L’écologie et ce qui tourne autour est « à la mode » depuis 2006 environ. C’est un mouvement de fond. Qui a déjà été en grande partie « récupéré » ce qui veut dire aussi « assimilé ».
Le mouvement hippie n’est pas « mort », il a également été assimilé et a changé profondément la société et durablement.
Dans les 2 cas ça ne s’est pas passé comme les « porteurs du mouvement » l’aurait voulu, mais ceci est impossible.
Dans tous les cas, on a pas fini d’entendre parler de l’environnement et de l’écologie… pour des décennies. Pour la simple raison que cela (va) touche(r) directement les gens, dans leur mode de vie.
Pour ce qui est des médias je leur reprocherais de ne pas vraiment comprendre de quoi ils parlent quand ils parlent d’écologie.
C’est bien vu ! Et ça ne peut que nous amener à des réflexions sur les moyens que nous utilisons. Par exemple, l’écologie est-elle compatible avec Twitter ? Personnellement, je ne le crois pas : Twitter, c’est le temps ultra-rapide, le sitôt consommé – sitôt oublié. L’écologie, c’est la réflexion, la remise en question, le temps long, les projets concrets (donc qui ne se font pas en quelques jours).
Dans quelques temps, on verra ceux qui surfent sur l’effet de mode, et ceux qui ont un engagement sincère ! 😉
@Rosselin, le verbe pallier dénote surtout un manque de moyens. Je pense qu’une nouvelle façon de faire du journalisme doit voir le jour, inspirée par ce qui se passe sur la toile (je pense aux blogs)… et Vendredi info explore à mon sens des pistes très intéressantes.
@Raffa, « on a pas fini d’entendre parler de l’environnement[…]pour la simple raison que cela (va) touche(r) directement les gens » d’où l’utilité de ne pas attendre d’être touché (bien que ce soit déjà le cas ailleurs) et d’agir !
@Yonnel, tu as raison de dire que l’engagement se traduit sur le long terme… on en reparle d’ici quelques années mais n’hésites pas à laisser d’autres commentaires d’ici là !
le fait que l’écologie soit effectivement à la mode attire un public (de bobos pourquoi pas) qui n’aurait jamais été écolo sinon, mais en même temps les modes passent vite ! à nous de faire en sorte que la mode se transforme en habitude…
« D’où l’utilité de ne pas attendre d’être touché (bien que ce soit déjà le cas ailleurs) et d’agir ! »
On l’est déjà ici, et pas qu’un peu (mais bien bien moins qu’ailleurs de fait), mais ça ne se voit pas des masses dans les villes ou les supermarchés 😉
@Raffa, disons que les changements sont visibles sur le long terme (fonte des glaciers…) et surtout moins soudains qu’en Océanie par exemple (tsunamis…).
A lire en complément… Les Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique : recul de la presse quotidienne
via presseedition