Cro-Magnon 1 : Homo-Sapiens 0

Ridicule !

Attablé devant un bol de café fumant, je prends mon petit déjeuné face à mon téléviseur… une façon comme une autre de réveiller son cerveau en douceur vu la qualité des programmes diffusés à cette heure.

La nourriture qu’on me sert ne convient pas à mon appétit du jour, je zappe sur une chaîne « musicale ».

A mon grand étonnement, le clip proposé m’interpelle et fait naître en moi un questionnement d’une profondeur insondable.

Un coupé sport est posée dans le fond blanc immaculé d’un studio photo, un caïd assis au volant en pleine séance de play-back est entouré de bimbos se déhanchant sur de lourds sons de basse : nous voici au summum de l’évolution humaine… le but ultime de tout une génération !

Changement de décor

Je n’ai pas résisté à l’idée de placer ces mêmes personnages dans un tout autre décor et dans une autre situation pour imaginer avec délectation quels seraient leurs comportements.

Voici donc nos 3 demoiselles montées sur échasses perdues au fin fond d’une forêt isolée et accompagnées de leur chevalier servant (à pas grand chose pour le moment).

Quelles sont maintenant leurs chances de survie dans un tel cas de figure ?

Les jambes à l’air de mesdames et le torse nu de monsieur seront bientôt dévorés par les insectes, mais ce n’est rien comparé à ce qui les attend.

Tiens, le ciel se couvre il va pleuvoir (comme je suis méchant !). A présent nos 4 acolytes sont trempés jusqu’aux os et, comme c’est étrange, ils ne chantent ni ne dansent plus. Les jeunes filles sont affolées, l’une d’elles s’est même déjà cassé un ongle.

Ils marchent péniblement avec l’impression d’être passé au même endroit plusieurs fois et c’est bien normal car ils n’ont pas le sens de l’orientation et tournent en rond.

La nuit tombe bientôt, le caïd a enfin compris qu’il était temps d’établir un campement de fortune pour passer la nuit.

Seulement voilà, le moral n’est plus au beau fixe et l’excès d’autorité du sexe fort sur ses camarades commence à les agacer. Elles ne coopèrent pas de bon cœur, partagent ce sentiment entre-elles sans pour autant en alerter leur homme.

Faute de moyens, ils devront se contenter de quelques branches mises à terre par le vent pour élever un abri sommaire. Malheureusement, aucun d’entre eux n’a jamais fait l’expérience de construire une cabane ni même un refuge sous lequel s’abriter et ça se voit cruellement.

Nuit Blanche… mais pas à St Trophe

Ils se couchent dans l’obscurité, Géricault aurait pu peindre ce Radeau de la Méduse version 21ème siècle !

Personne ne leur a dit qu’ils pouvaient utiliser les ressources présentes dans la forêt pour faire un lit de feuilles qui isolerait pourtant leur corps du sol et éviterait la perte de chaleur imputable à la conduction thermique (contact d’un corps avec un autre surface). Mais on apprend pas ça à l’école.

Il y a des tas de bruits bizarres qu’ils ne reconnaissent pas puisqu’ils ne sont pas habitués à les entendre… du coup aucun d’entre eux n’arrive à fermer l’œil.

Oups, il pleut à nouveau. Leur ouvrage n’étant pas water-proof, ils préfèrent se mettre à l’abri sous un arbre en attendant la fin de l’orage. Case chance, pas d’éclairs ce soir!

Le temps se calme, mais le sol gorgé d’eau les empêche de se recoucher. Ils sont trempés et transit de froid. Pour se réchauffer ils se serrent les uns contre les autres, ahh la chaleur humaine !

Ce coup de bon sens leur permet de voir venir l’aube… et une nouvelle journée d’épreuves.

Leur édifice s’est écroulé et l’une des filles aussi. En sanglots, elle affecte sans le vouloir un peu plus le moral des ses camarades. Le caïd est à cran et supporte de moins en moins les faiblesses de son escorte.

Le soleil est bientôt au zénith, la chaleur se fait sentir et la soif également mais toujours aucun point d’eau à l’horizon… pourtant la veille il pleuvait des cordes. Si seulement Don Juan avait pensé à stocker un peu d’eau, ils n’auraient pas la gorge sèche.

Les filles commencent à en avoir assez de ce chef auto-proclamé qui ne pense à rien. Les tensions sont d’autant plus fortes que la journée avance. Excédée, l’une d’elles ose défier le mâle du groupe quand à la décision la plus sage qu’il convient de prendre : continuer d’avancer, ou préparer un campement plus confortable ?

Clash, menaces et auto-destruction

Piqué au vif, macho-man se fait menaçant mais n’arrivant pas à se faire respecter, son instinct animal est plus fort.

Dans un excès de rage il frappe la contestataire pour la contraindre au silence, détruisant ainsi le peu de confiance que lui accordent encore ses groupies. Les femmes sont apeurées… toujours aussi énervé, l’homme décide de partir seul et de ne plus s’encombrer de ces boulets qui freinent son avancée.

Épilogue

Uni, ce groupe aurait peut-être eu des chances de survivre… à présent, elles sont encore plus faibles. Tous les scénarios sont à ce stade imaginables, mais l’issu la plus probable dans de vraies circonstances est la mort.

Sans connaissances des techniques de survie, il est évident que nous ne ferions nous non plus pas de vieux os.

La question que je me pose aujourd’hui est de savoir si l’homme du 21ème siècle est encore capable de subsister par ses propres moyens et de façon totalement indépendante en milieu hostile.

L’évolution de l’espèce humaine, les mœurs et l’éducation que nous recevons tendent à prouver le contraire.

Personnellement, je suis en pleine ré-éducation, et je planche d’ailleurs sur un billet introduisant aux techniques de survie… alors si vous aussi vous aimez vous évader en pleine nature sans courir de risques, et si vous avez envie de revenir au score sur Cro-Magnon, repassez par là bientôt !