Comme je suis une personne consciencieuse (et humble aussi), j’optimise toujours le référencement de mes billets… à tel point que je truste parfois régulièrement les premiers liens affichés par Google quand on cherche une des personnes interviewée sur l’éco-blog.
Et à ce propos, je me devais de rendre à Esra Tat toute sa visibilité (personal branding oblige) en modifiant quelques optimisations SEO ! Et puis, dans la foulée, je me suis dis qu’une seconde interview serait intéressante pour mesurer les progrès de son équipe qui place l’Homme et l’Environnement au cœur de son activité [ndr : et les femmes alors ?!]. Voici donc le portrait de cette personne dont je ne mentionnerai plus le nom afin d’éviter toute récidive ! Aussi, nous l’appellerons E.T (ses initiales) pour que monsieur Google ne la démasque pas… c’est qu’il faut ruser avec celui-là.
Bonjour E.T … Quel est ton parcours, et comment en es-tu arrivée à bosser dans l’éco-habitat ?
Bonjour l’éco-blog. J’ai suivi des études de gestion, enrichies d’expériences et projets universitaires autour du commerce équitable et de l’environnement. Un passage chez un bailleur social m’a particulièrement marqué, ces questionnements sur l’homme, son « cocon » puis l’environnement ont été le déclencheur de ma volonté de m’impliquer dans l’habitat. Parallèlement sur les bancs de la fac, j’ai rencontré celui qui est devenu mon associé dans ma première aventure « éco-habitat ». Complémentaire, l’un technique et l’autre communicant, nous avons lancé ensemble un bureau d’études en éco-rénovation. Rapidement le besoin de s’entourer de nouvelles compétences s’est fait ressentir. Et puis nous avons fait la rencontre d’une équipe également investie dans l’éco-habitat. Une heureuse rencontre puisque quelques mois plus tard nous avons décidé de fusionner nos forces et porter ensemble un projet commun, Terra Cités.
Quelle est ta mission pour Terra Cités ?
Comme dans beaucoup de petites structures, j’ai une double casquette. Côté pile « responsable com »; ma mission consiste à mettre en lumière les projets de notre équipe et organiser l’échange avec le grand public pour vulgariser les principes de l’éco-habitat. Côté face « responsable développement », je suis chargée de la prospective ; j’anime la réflexion interne sur l’évolution de l’habitat et participe aux projets d’aménagement. C’est un sujet qui me passionne et qui va dans le sens d’une conviction de notre équipe ; l’habitat doit s’envisager à l’échelle individuelle (l’habitant) mais également à l’échelle du territoire (quartier, ville…).
Peux-tu nous présenter Terra Cités ?
Terra Cités est une entreprise nourrie d’une première aventure associative (2003-2005) au cours de laquelle, le fondateur, Jean-Philippe, faisait la promotion d’un concept d’aménagement durable des espaces ruraux appelé « Eco-vallée ». C’est le volet « habitat » qui a donné lieu au lancement de l’entreprise en 2005. Aujourd’hui c’est une petite équipe qui défend une autre approche de la construction et de l’entreprenariat. Nous sommes spécialisés dans l’éco-habitat, c’est-à-dire que nous recherchons l’équilibre entre la santé des hommes, la performance énergétique et le respect de l’environnement dans nos projets.
Nous travaillons auprès de deux publics : en grande majorité, les décideurs pour la réalisation de programmes d’éco-logements (notamment sociaux) et de projets d’aménagement, en tant que promoteur immobilier d’éco-habitats. Puis, depuis plus récemment (2009), nous accompagnons les particuliers pour des projets d’éco-construction et de rénovation écologique, en tant que concepteur et maitre d’œuvre.
Mais ce serait réducteur de s’en tenir là ! Terra Cités c’est aussi un projet entrepreneurial avec une autre vision de l’entreprise que nous voulons concrétiser par un ensemble d’engagements.
Nous sommes encore une jeune entreprise (surtout à l’échelle du bâtiment !), mais la conviction est notre moteur autant sur notre fonctionnement que nos projets. Nous sommes conscients de notre marge de progression et cherchons sans cesse à nous améliorer.
As-tu l’impression d’être une extra-terrestre dans le milieu du bâtiment et de la construction ?
Oui, ne serait-ce qu’en étant une femme ! Nous sommes encore peu nombreuses dans certaines filières du bâtiment. Combien de femmes as-tu vu sur les chantiers ? J’évolue depuis 3 ans dans l’éco-habitat et pour ma part : 0 ! Plus globalement, j’ai l’impression que l’on a, au sein de l’équipe, des préoccupations « ovniesques »; face aux obsédés des kwh consommés, on semble décaler en parlant de la santé des habitants, du bien-être, de matériaux écolos et locaux, de ruches sur les toits, d’auto-partage sur les programmes… Et pourtant c’est notre pragmatisme en faveur de l’Homme et l’environnement 😉 .
Quels sont les différentes activités de Terra Cités ?
Notre métier historique et principal est la promotion immobilière en éco-habitat auprès des décideurs et des institutionnels. Autrement dit, nous réalisons des programmes de logements (habitats individuels, denses, collectifs) et des éco-hameaux. Avec le temps, nous sommes amenés à intervenir à de plus grandes échelles, ce qui fait écho à l’approche d’aménagement promue via « Eco-Vallée». Sur cette activité, nous intervenons auprès des décideurs ou d’acteurs du logement social, et parfois auprès des particuliers. On nous dit souvent que nous sommes des OVNIS dans le milieu des promoteurs ; on s’intéresse à la qualité environnementale mais aussi aux usages (comment les habitants vivent à l’intérieur des projets), à la modularité, à la santé des Hommes…. Visiblement ce n’est pas courant ! Autre particularité, nous finançons nos projets par recours à l’épargne solidaire, c’est notre volonté d’être cohérent sur l’ensemble de notre intervention.
Notre deuxième métier, plus récent, est la conception et la maitrise d’œuvre d’habitats auprès des particuliers directement. Nous menons des éco-rénovations et des éco-constructions de A à Z ; habitat basse consommation, maison passive, recours aux éco-matériaux, réflexion sur la qualité sanitaire. On a appelé cette dynamique Santé / Environnement / Performance, notre « triangle d’or ». Ça sonne un peu ésotérique dit comme ça mais l’idée est surtout d’expliquer que c’est un idéal à rechercher, qu’il faut déplacer le curseur des simples économies d’énergie vers plus de respect de l’environnement et des Hommes.
Parallèlement à ces métiers, nous menons des actions de formation et sensibilisation à l’éco-habitat auprès des professionnels et du jeune public.
La notion de prix est-elle sensible en matière d’éco-construction ?
C’est indéniable, mais nous constatons dans notre équipe que les mentalités évoluent. Le terme « prix » est d’ailleurs significatif ; l’éco-habitat est un investissement sur le long terme, autant pour le bien-être des habitants (santé, confort) que celui de l’environnement. Ce n’est pas un achat à un instant T. Effectivement si on compare deux constructions, une conventionnelle et une écologique, l’écarte sur le coût de construction se situe dans une fourchette de +7 à 15%. Une étude récente parle de 7% maximum. Comme dirait un humoriste, « ce n’est pas une fourchette, mais un râteau ! » Ceci s’explique par la difficulté à définir une base de comparaison. On compare une maison énergivore construite avec des matériaux conventionnels peu chers (parpaing, polystyrène) avec une maison économe réalisée avec ces mêmes matériaux (oui, c’est tout à fait possible !), ou avec une maison économe construite avec des éco-matériaux dans une démarche de diminution globale de l’impact sur l’environnement ? C’est tout à fait différent.
Une chose est certaine, s’orienter vers la construction performante est une évidence collective et individuelle (cf les annonces d’augmentation du prix de l’énergie)… Construire avec des éco-matériaux à l’inverse reste une démarche plus que volontaire puisque ni la Règlementation Thermique qui arrive (la RT2012 qui généralise le Label BBC « Bâtiment Basse Consommation »), ni le système d’aides en place n’incitent à aller dans ce sens… On le répète souvent, les particuliers et les décideurs qui s’engagent aujourd’hui dans cette voie sont des pionniers qu’on remerciera un jour (je l’espère !) d’avoir tiré le secteur vers le haut !
Et vos engagements, comment sont-ils formalisés ?
Cette notion de « formalisation » est amusante puisque justement certaines décisions ont été si « évidentes » qu’elles n’ont pas nécessité un formalisme au sens premier du terme. Des actions les plus basiques comme faire appel à une imprimerie écologique, ou encore des APEI (Association de Parents d’Enfants Inadaptés) pour nos travaux d’impression, aux engagements essentiels comme favoriser les éco-matériaux dans nos projets, ou recourir à l’épargne solidaire pour financer nos constructions… tout est « engagement ». Ce manque de « formalisation » premier nous a pourtant été gentiment reproché par des personnes bienveillantes qui regrettaient que nous n’en parlions pas plus. Nous étions gênés de dire ces évidences, puis nous avons finalement décidé de les présenter sous forme de « philosophie en pratique » sur notre site web.
A titre personnel, qu’est-ce que cette aventure t’apporte ?
Le bonheur de pouvoir m’engager quotidiennement, d’avoir un espace où je peux m’efforcer de donner vie à mes valeurs ! Je suis consciente que c’est une chance inouïe à une époque où trop de personnes vivent une dichotomie entre leurs souhaits et leur quotidien.
Et également une incroyable richesse, celle des rencontres humaines. Pour donner un exemple sur la notion d’engagements précédente, nous avons érigé la pédagogie et l’éco-communication comme principe d’échanges. Opter pour l’information avec le partage d’expériences, plutôt que la publicité au sens conventionnel, permet de vulgariser les notions clés sur l’éco-habitat et crée de belles occasions. Typiquement nos interventions dans les écoles, le lancement de notre blog sur l’éco-habitat ou encore notre présence sur Twitter et Facebook dont je m’occupe sont des outils de pédagogie et d’éco-communication… mais également une source de rencontres humaines d’exception, qui me tiennent à cœur. La preuve en est avec cette interview !
Merci Esra (oups, j’ai prononcé son nom… si je me fais enlever par des martiens, je l’aurai pas volé !).
Les activités de Terra Cités :
Elle est super active Esra. Dommage que notre futur chantier soit si loin, Terre Cité aurait été un bon choix pour notre rénovation.