Nous avons profité de l’arrivée de la saison 2 de la revue Kaizen pour poser quelques questions à son rédacteur en chef et co-créateur, Pascal Greboval.
Pascal Greboval, Pouvez-vous définir l’esprit Kaizen pour nous ?
Pascal Greboval : Kaizen est un mot japonais signifiant « changement bon ». Au-delà du mot c’est une philosophie : Vouloir tout changer d’un coup demande beaucoup de travail et peut effrayer certains. L’esprit Kaizen, c’est inviter chacun à faire un petit pas pour construire un autre monde, plus humain, plus écologique, plus solidaire. Tout le monde peut faire sa part, à son rythme. Si chacun fait un petit pas, c’est un grand pas pour l’humanité.
Quelle est la place de Pierre Rabhi auprès de Kaizen ?
PG : Le rôle de Pierre Rabhi est triple dans l’histoire de Kaizen. Il est à la fois un souffle, car c’est lui qui a mis en relation Cyril Dion et Yvan Saint-Jours, les deux fondateurs du magazine. Il est un phare, car nous sommes inspirés par sa philosophie : la sobriété heureuse, le changement de paradigme, retrouver de l’autonomie. Enfin, il est un acteur du magazine, puisqu’il écrit une chronique dans chaque numéro !
Vous venez de terminer une collecte sur kisskissbankbank visant à financer la « saison 2 » de Kaizen. Qu’est ce qui manquait à la première version ?
PG : Nous voulions élargir notre public. D’un lectorat constitué de personnes « initiées » ou « convaincues », nous souhaitions passer à un lectorat plus large. Pour que les gens aient envie de découvrir le magazine, il fallait que nous rendions la maquette plus accessible, plus claire. Dans cette saison 2, nous accueillons également de nouvelles rubriques, sur l’éducation, la santé.
Par ailleurs, d’un point de vue pratique, nous n’arrivions pas à fidéliser nos abonnés, car nous manquions de moyens pour envoyer des mailings de réabonnement.
L’objectif de la collecte a été dépassé. L’ampleur du soutien des internautes vous a t’elle surpris ?
PG : Quand on se lance dans une telle campagne, on ne peut jamais être sûr de réussir ! Quoi que l’on fasse, c’est aux internautes de décider. Forcément, nous avions une part d’inquiétude. Nous avons donc été extrêmement heureux quand l’objectif des 60 000 € a été atteint, et absolument ravis quand nous avons vu que les 70 000 € avaient été dépassés. Nous n’avons pas eu de don « spectaculaire », mais des particuliers et des PME se sont investis en nous donnant plusieurs centaines d’euros.
L’objectif a été dépassé de plus de 10 000 €. Ce bonus va nous servir à réaliser ce que de nombreux lecteurs nous demandent régulièrement : une version numérique du magazine papier !
Le succès de votre collecte de fonds a prouvé que vous maitrisez parfaitement Internet. Du coup, comme la presse papier va mal, pourquoi ne pas vous limiter au Net ?
PG : Au départ, l’idée est d’inviter les gens à ralentir… Quoi de mieux qu’un magazine papier pour prendre le temps ? D’ailleurs, souvent, nos abonnés nous disent que quand ils lisent Kaizen, ils se sentent comme dans une bulle ! Et puis, parmi nos lecteurs, beaucoup ne pratiquent pas Internet et ne pourraient pas nous lire sans le magazine papier.
D’autres formes de contenu sont également au programme, non ?
PG : C’est vrai que nous sommes intéressés par d’autres formes de contenu : nous avons commencé à produire des émissions radios qui seront diffusées à la rentrée de septembre sur les radios locales associatives. Nous espérons ainsi toucher une autre partie de la population.
Croyez-vous vraiment qu’informer peut aider à changer le monde ?
PG : Tout dépend de ce que l’on entend par informer ! Si, comme le définit le Larousse, il s’agit de « faire savoir quelque chose à quelqu’un, le porter à sa connaissance, le lui apprendre », alors oui. Mais en apportant des connaissances qui n’ont pas de place dans les autres médias et en étant 100 % positif ! Nous donnons à voir des initiatives pérennes et reproductibles, l’idée est que chacun se dise en lisant Kaizen « si lui ou elle peut le faire, moi, je peux essayer de le faire aussi à mon échelle, qu’elle soit personnelle, professionnelle, associative ».
Vous proposez aussi des cours de cuisine et des stages d’été, c’est une façon d’inventer le lectorat participatif ?
PG : En effet, ces activités sont des moyens de rencontrer nos lecteurs, de les mettre en relation, bref, de créer du lien ! Ils savent qu’en s’inscrivant ils vont retrouver l’esprit Kaizen. Nous organisons également depuis peu des conférences en lien avec le dossier de chaque numéro – la pêche, l’alimentation, l’économie collaborative, etc. – et elles rencontrent un franc succès ! Les lecteurs peuvent venir écouter et échanger avec des experts et avec les auteurs du dossier : quoi de plus participatif ? Ne loupez pas la prochaine conférence, le 5 mai à l’Institut Goethe ! Au programme : ‘Quelles forces pour gérer le territoire’.
Pour en savoir plus : kaizen-magazine.com