Comment nourrir plus de 7 milliards d’êtres humains sans succomber à l’agriculture intensive et au désastre écologique assuré qui s’en suit ? En trouvant des solutions alternatives. Par exemple la très séduisante aquaponie. Si séduisante qu’elle débarquera peut-être bientôt dans votre cuisine.
L’aquaponie c’est quoi exactement ? Une technique qui ne date pas d’hier puisqu’il semble que les américains précolombiens en aient déjà maitrisé les principes.
Il s’agit de faire vivre en symbiose des plantes et des poissons : les excréments des uns nourrissant les autres, lesquelles se chargent de purifier l’eau des premiers.
Au final, aucun usage de pesticides et une utilisation limitée de l’énergie. Côté engrais, les poissons fournissent de l’azote ainsi que du phosphore et du potassium aux plantes. De l’autre côté les plantes dépolluent l’eau des poissons en y puisant les nutriments dont elles ont besoin. Le ratio plantes/poissons est donc capital pour maintenir un équilibre. Pour ce qui est des poissons, on peut les manger ou non, en fonction des espèces choisies.
Une pratique qui se répand
Dans la pratique, il y a fort à parier que vous ne mangez pas souvent des légumes cultivés de cette façon. Mais, signe des temps et de l’urgence écologique, les tentatives se multiplient.
À Neuenburg en Alsace par exemple, une serre de 200m2 permet de cultiver des légumes et d’élever des poissons sans avoir recours au pétrole et en utilisant un minimum d’eau.
La société EBF, propriétaire de cette serre, estime qu’il est urgent de limiter l’utilisation du pétrole dans l’agriculture (activité particulièrement gourmande en or noir). Elle a donc équipée sa serre de panneaux solaires pour alimenter les systèmes de pompage de l’eau et le chauffage.
Comme les plantes ne sont pas à même le sol et sont enfermées dans une serre, elles sont à l’abri des nuisibles. Exit donc les pesticides et bienvenue le label bio.
Un potager à étages dans la cuisine
Créée par deux ingénieurs en biologie la petite start-up Risebox vient de s’installer à l’Electrolab de Nanterre pour y expérimenter son concept d’aquaponie domestique.
« Faites pousser du bio chez vous », telle est leur devise… Même sans jardin, est on tenté de préciser. En effet il s’agit de faire pousser ses légumes sur des billes d’argile dans deux grands bacs placés sur un aquarium et éclairés artificiellement. Un potager vertical quoi !
Le but étant d’obtenir un système hyper efficace et autonome : Il suffira de programmer le système en fonction des végétaux plantés et il gèrera lui-même la quantité et le type de lumière, ainsi que le circuit de l’eau.
La bonne idée des deux créateurs de Risebox c’est en effet de chercher à générer une croissance optimum des végétaux grâce à la couleur de la lumière. En effet, le bleu et le rouge semblent avoir une efficacité bien supérieure à la lumière blanche.
D’ailleurs, dans un esprit d’économie bien logique (il ne faudrait pas que le système coûte une fortune en électricité) ce sont des LED qui éclaireront le « potager d’intérieur ».
Bref, en 3 fois moins de temps que pour la culture traditionnelle nous pourrons déguster des légumes tout frais récupérés au jour le jour dans notre potager perso, même en habitant au dixième étage d’une tour. Sympa ! Sans compter le bilan carbone, quasi nul.
Si la serre d’EBF a coûté 500 000 euros à développer, la société espère en réduire le coût à 100 000 euros pour en faciliter l’acquisition par les agriculteurs. Quant au système de Risebox, on ignore encore combien il coûtera à ce stade, mais s’il veut avoir un avenir il devra être accessible au plus grand nombre.
Pour en savoir plus sur Risebox : www.risebox.co
Pour découvrir d’autres initiatives d’aquaponie en France :
http://blog.risebox.co/laquaponie-en-france-et-en-europe/