Concerné par l’état de la planète et la qualité de vie des générations futures vous triez vos déchets, évitez les sacs plastique, mangez et nettoyez bio, vous déplacez en vélo ou en voiture électrique… bravo ! Vous faites tout pour avoir un minimum d’impact sur votre environnement. Vous aimeriez en faire encore plus ? Et si vous repensiez votre façon de vous soigner afin de lutter contre la pollution médicamenteuse ?
Une passion française
Les français sont de gros consommateurs de médicaments, et notre industrie pharmaceutique est considérée comme un fleuron de notre économie. C’est sans doute pourquoi on entend si peu parler de la pollution médicamenteuse.
Saviez-vous que 90% des médicaments que vous consommez se retrouvent directement dans les eaux usées ? Et saviez-vous que toutes les molécules issues de ces médicaments ne sont pas entièrement filtrées par les stations d’épuration. Résultat des molécules se retrouvent dans les eaux fluviales, la mer ou les nappes phréatiques. Elles impactent les habitants de ces milieux aquatiques, et nous reviennent d’une façon ou d’une autre.
Des poissons féminisés
Depuis déjà déjà quelques années on soupçonne la pilule contraceptive de changer le sexe des poissons vivant à proximité des stations d’épuration. Mais il semblerait que la pilule ne soit pas la seule responsable. D’autres médicaments ont un rôle de perturbateur endocrinien pour la faune aquatique. Ainsi, d’après une étude parue en avril 2015, le metformin, un médicament contre le diabète de type 2 et le syndrome des ovaires polykystiques, dont on trouve des traces dans les eaux douces un peu partout dans le monde, causerait une féminisation des poissons mâles.
Bien que rien ne soit pour l’instant scientifiquement démontrée, la pollution médicamenteuse est également régulièrement montrée du doigt pour son éventuelle responsabilité dans la baisse de fertilité inquiétante qui touche les hommes des pays industrialisés.
Des anxiolytiques dans l’eau du robinet ?
Cette pollution ne concerne pas que les estrogènes et mais également de nombreuses molécules issues des médicaments les plus divers. Et elle se retrouve même dans notre eau du robinet.
Pourquoi ? Les stations de traitement de l’eau qui réalisent la potabilisation de l’eau du robinet sont chargées de la bonne qualité microbiologique (absence de bactéries pathogènes) de l’eau potable et doivent s’assurer que les taux admissibles de certaines substances ne soient pas dépassés (nitrates, pesticides,plomb, arsenic, aluminium…). Mais certaines molécules ne sont pas entièrement filtrées par les stations d’épuration et de traitement tout en étant absentes des textes de règlementation. On les appelle substances émergentes. Parmi elles on trouve le Bisphénol A, et les médicaments.
Des campagnes de recherche de ces substances ont toutefois eu lieu récemment en France. 25% des échantillons testés sont revenus positifs. Un anti épileptique et un anxiolytique de la famille des benzodiazépines ont été les molécules les plus fréquemment retrouvées dans l’eau du robinet. On ne connait pas encore les effets potentiels de ces molécules étant donné leur concentration très faible, mais comme pour les pesticides, la durée d’exposition au cours de la vie, ainsi que la multiplication des molécules pourrait avoir un effet « cocktail» aux conséquences inquiétantes pour la santé. D’ailleurs citons simplement ce rapport du CNRS daté de 2002 et baptisé Pollution médicamenteuse des eaux :
« Les molécules sont très nombreuses, de nouvelles apparaissent sur le marché quotidiennement, et les techniques de dosage de ces nouvelles molécules dans les eaux n’existent pas forcément. Les traitements de l’eau ne les éliminent pas toujours, or un médicament est composé de substances biologiquement actives, dont l’effet sur les organismes non cibles est inconnu. »
Réduire la pollution médicamenteuse
Pour limiter cette pollution sourde qui impacte l’environnement et l’homme, l’idéal serait que chacun repense profondément son rapport aux médicaments :
– En premier lieu : Ne surtout pas jeter ses médicaments périmés ou ses antibiotiques non utilisés à la poubelle ou dans les toilettes ! Les rapporter à la pharmacie qui les recyclera.
– Privilégier la prévention
C’est encore le meilleur moyen d’éviter la sur médication. Par exemple, au lieu de devoir avaler des médicaments contre le diabète de type 2 qui est une des maladies de civilisation les plus courantes, revoir son hygiène de vie. Comme la sédentarité associée à une mauvaise alimentation sont les principales causes du diabète de type 2, une alimentation équilibrée et 30 minutes d’exercice par jour constituent la meilleure des préventions.
– Donner leur chance aux médecines douces
Lorsque c’est possible bien entendu (pour des affections légères par exemple) tester l’acupuncture et les traitements à base de plantes, d’huiles essentielles ou encore l’homéopathie. Pour l’insomnie en particulier, entre les remèdes aux plantes, la méditation et la pratique d’une activité sportive, on a d’autres atouts que les somnifères pour remédier aux nuits trop courtes.
Bref, en matière de consommation de médicaments comme dans de nombreux domaines, pour préserver l’environnement, less is more*.
Crédit photo : CC0
(*moins c’est mieux)