Alors que la France se retrouve désormais abonnée aux pics de pollution, et que les grandes villes ne sont plus les seules à être touchées, il devient urgent d’en savoir plus sur les effets de cette pollution et les moyens de s’en protéger.
La pollution aux particules fines : invisible et envahissante
Les particules fines sont générées par plusieurs facteurs dont la combustion du bois de chauffage, l’activité industrielle, la circulation automobile, l’épandage d’engrais… entre autres. Ce sont des polluants déclarés « cancérogènes certains » par le CIRC depuis 2012.
Les pics de pollution sont dus à la conjonction de deux facteurs : la concentration de polluants dans l’air (par exemple en période de grand froid et d’activité humaine intense) et les conditions météo qui empêchent la dispersion des polluants.
Ces polluants atmosphériques sont particulièrement dangereux car ils sont trop petits pour être filtrés par nos narines. Leur taille peut aller jusqu’à moins de 2,5 microns. Plus elles sont petites plus elles sont dangereuses, car elles s’infiltrent profondément dans l’organisme.
Les effets de ces particules fines sur l’organisme sont bien plus graves qu’il n’y paraît. D’abord elles irritent les voies aériennes supérieures et entraînent des réactions de type allergique et asthmatiques. Mais en plus d’impacter les voies respiratoire, elles vont atteindre le système cardio-vasculaire en passant par la circulation sanguine.
Là, les effets sont graves : infarctus, AVC, embolies pulmonaires. C’est le risque caché le plus important et il touche tout le monde, avec bien sûr des raisons de s’inquiéter supplémentaires pour les malades, les personnes âgées, les jeunes enfants et les femmes enceintes.
En effet, chez les femmes enceintes, la pollution passe à travers le placenta et il est prouvé qu’elle entraîne des retards de développement chez l’enfant à naître, notamment au niveau pulmonaire.
Sans oublier leur effet cancérogène à long terme.
Le point sur les seuils
Pour l’OMS, il ne faudrait pas dépasser 10µg/m3 en moyenne, ou 25 µg/m3 par 24 heures. Airparif, l’organe de surveillance de la qualité de l’air en île de France, considère comme moyen l’épisode de pollution à partir d’une concentration en particules fines de 64 µg/m3. C’est ce qu’on appelle le « seuil d’information ». Le seuil d’alerte rouge, utilisé pour une qualité de l’air mauvaise à très mauvaise, est fixé à 80 µg/m3.
Il faut savoir qu’un épisode de pollution moyen entraînant une information des pouvoirs publics fait courir un risque aux populations sensibles. Mais un épisode de pollution qui dépasse le seuil d’alerte, fait courir un risque à l’ensemble de la population.
Le premier mois de l’année 2017 a vu le seuil d’alerte être dépassé pendant plus d’une semaine dans toute la moitié Nord de la France ainsi que dans la vallée du Rhône jusqu’à la méditerranée. La ville de Lyon et les vallées alpines étant parmi les zones les plus gravement atteintes avec un air qualifié de « très mauvais ».
Pourtant les plans de prévention de la pollution aux particules fines se mettent à peine en place en ce début d’année 2017. Et encore, très timidement.
Quelles mesures officielles pour lutter ?
Certaines villes comme Paris et Lyon, commencent timidement à demander aux automobilistes de se munir de vignettes, en vue d’éventuelles contraventions pour les voitures les plus polluantes qui rouleraient les jours de pics de pollution. Ailleurs, on met parfois en place la circulation alternée et les restrictions de circulation aux véhicules les moins polluants après 7 jours d’alerte. Ou bien on ne fait quasiment rien, comme en PACA où seule une réduction de la vitesse de 20 km/h (peu respectée) est enclenchée. Autant de mesures qui impliquent une forte mobilisation des services de police puisqu’il s’agit de vérifier que la règle est respectée, et un grand sens écolo-civique des automobilistes. Pas vraiment viable à long terme.
Quels gestes pour se protéger de la pollution ?
Pendant qu’on demande poliment aux automobilistes de lever le pied ou de s’abstenir de rouler si ça ne les dérange pas trop, on recommande très sérieusement aux parents d’empêcher leurs enfants…d’hyperventiler. C’est-à-dire de jouer et de courir partout, l’activité préférée des enfants. D’autres moyens de les protéger ? Pas vraiment hélas.
Oublier le masque
Eh oui, utiliser un masque chirurgical ou un foulard ne servirait qu’à filtrer les plus grosses particules, celles qui sont naturellement filtrées par le nez. Les particules les plus fines passent à travers les mailles du filet, et à moins d’utiliser un véritable masque à gaz à cartouche, rien ne les arrêtera.
Éviter l’hyperventilation
Lors des pics d’alertes en particulier, il est absolument déconseillé de pratiquer une activité sportive intensive. Pas de footing, de foot, de tennis… En effet, l’hyperventilation générée par une activité sportive intense permet aux particules de pénétrer plus profondément dans les poumons. De plus, en marchant on inhale déjà 15 litres d’air par minutes, et en activité d’endurance on en inhale jusqu’à 100 litres !
Vos alternative : le yoga ou la marche en haute montagne, très loin des particules.
Aérer à l’aube
Comme la pollution à l’intérieur des maisons reste un problème, il faudrait, selon les pouvoirs publics, continuer à aérer son logement même pendant les épisodes de pollution. Seul hic, vous devriez ouvrir vos fenêtres côté cour, et le matin bien avant l’heure de pointe, c’est-à-dire vers 6h.
Sortir peu et tôt
Pour éviter d’être soumis à la pollution générée par les pics d’activité humaine, il vaut mieux sortir le matin très tôt. Bref c’est parfait si vous avez l’habitude d’aller acheter vos légumes bio au marché paysan vers 7H. Mais pour la plupart des magasins c’est déjà trop tard. En revanche pour le footing, le créneau 5-6h est à envisager… Vous connaissez peut-être la tendance « miracle morning » ? C’est une mode qui consiste à se lever à 5 heure du matin pour faire un maximum de choses, dont du sport, pendant que tout le monde dort. Son inventeur n’avait probablement pas pensé à ça, mais c’est une solution envisageable pour diminuer son exposition à la pollution.
Éviter la voiture
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on est pas plus protégé à l’intérieur de l’habitacle de sa voiture que sur les trottoirs. Au contraire ! C’est dans son véhicule qu’on est le plus exposé aux particules fines même fenêtres fermées (si elles traversent un masque, elles traversent les filtres de nos voitures).
Il est recommandé de se déplacer à pied ou à vélo sur les axes les plus éloignés des axes routiers. L’idéal serait donc d’habiter une ville où les urbanistes ont pensé à bien séparer piétons et voitures. Les villes du futur ?
Enceinte ? Se mettre au vert
La pollution aux particules fines passe directement dans le placenta et peut avoir des conséquences néfastes pour le bébé à naître. Plus facile à dire qu’à faire quand on travaille, c’est vrai, mais si vous avez l’opportunité d’aller passer les épisodes de pollution quelque part à la montagne ne vous en privez pas. En revanche n’allez surtout pas prendre l’air dans les vallées alpines c’est là que se concentre malheureusement la pollution. L’idéal ? Une petite station de moyenne montagne, loin des grands axes et pas trop fréquentée.
Plus d’infos :
Atmo France regroupe tous les organismes nationaux de surveillance de la qualité de l’air. Retrouvez-y les chiffres de la pollution dans votre ville.
PREV’AIR : pour une carte graphique de la pollution sur l’hexagone au quotidien.