Prête-moi ta pompe à vélo  !

C’est acquis : l’économie de partage fondée sur le prêt ou l’échange, gratuit ou rémunéré, de produits, de services, voire de compétences, est l’une des solutions pour réduire notre impact  sur l’environnement. Elle nous permettrait de diminuer le nombre de biens utilisés épisodiquement en les collectivisant, et favoriserait dans certains cas une démarche locale.

Toutefois, ces nouveaux modes de consommation, qui trouvent corps sur des plates-formes virtuelles, ont été parfois pervertis puisqu’ils ont abouti à une marchandisation extrême dont la volonté de générer des revenus a effacé la notion même de partage. Je citerai ici les plus connus : Uber ou Airbnb.

 

Alors où sont les véritables initiatives collaboratives ?

Celle qui suit me plaît car elle a rematérialisé l’offre de prêt en rendant visibles les objets que l’on emploie ponctuellement, et porte en son cœur la volonté d’apprendre à mieux connaître ses voisins. Des vignettes, collées sur votre boîte aux lettres, représentent des objets et sont surmontées de ce texte : « Tu peux emprunter tout ceci chez moi ! » : une pompe à vélo, un cuiseur de riz, une perceuse, des livres, des journaux, un bateau pneumatique, une boule disco, etc. ! Il y a même une vignette Joker qui enrichira votre offre de l’objet auquel les designers Bernois (Meteor collectif) à l’origine du projet n’auraient pas encore pensé.

Au-delà du prêt gratuit, Pumpipumpe.ch (en dialecte alémanique : « Prête-moi ta pompe à vélo ») veut recréer du lien social en surmontant la gêne qui nous empêche parfois de sonner chez notre voisin pour lui demander de l’aide. Cette initiative favorise aussi l’échange sur place : pas besoin de passer par une plate-forme en ligne pour organiser un prêt à distance. Il est bien plus pratique d’emprunter à proximité, dans son immeuble, sa rue, son quartier. Les petites illustrations permettent enfin de franchir les barrières linguistiques et favorisent encore une fois la convivialité.

Depuis 2012, Pumpipumpe connaît son petit succès, d’abord en Suisse alémanique puis romande, et franchit les frontières pour séduire Français et Allemands. Parfois les personnes vont plus loin que l’échange de biens et proposent à leurs voisins un peu de leur temps libre et leur rendent quelques services. Bref, développent des relations de bon voisinage !

J’insiste : avec Pumpipumpe l’emprunt est gratuit, donc pas de location. Il vous reviendra le soin de définir vous-même les conditions (demander un gage pour plus de sécurité, proposer une part de gâteau en guise de remerciememt, etc.). Auprès du site, il ne vous en coûtera que 5 euros pour commander une planche d’autocollants car son équipe travaille sans but lucratif : les recettes des commandes permettent de couvrir les frais engagés pour le projet et de maintenir son développement. Vous pouvez aussi devenir membre donateur de l’association.

Et comme les meilleures idées sont toujours copiées, pourquoi ne pas créer vous-même vos autocollants puis les partager avec vos voisins. L’essentiel  de cette démarche reste l’esprit de réciprocité. D’ailleurs l’échange et la connaissance de son entourage ne seraient-ils pas les premiers pas vers l’entraide ?

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