Actu transition écologique. La prochaine fois, promis, on parlera de thermique, de mix énergétique, de taxe carbone pourquoi pas. Mais là les amis, il nous faut parler transport et plus encore ferroviaire, tchou tchou le petit train régional ou à grande vitesse. Il est donc loin le temps des machines à vapeur. On ne parle même pas des locomotives à charbon en fond des westerns avec J. Wayne (encore lui) ! Car, oui, des aventuriers du rail, prêts à croiser le fer, rêvent désormais de rouvrir et de racheter des lignes du réseau secondaire…
Deux mots qui se font écho. Huit lettres à retenir pour un terme révolutionnaire, a minima plein de promesses : R-A-I-L-C-O-O-P. Ce projet déraillera-t-il rapidement ou réussira-t-il à prendre le bon wagon au milieu de ce contexte d’ouverture du trafic ferroviaire à la concurrence prévue pour la fin de l’année, donc d’opportunités pour de nouveaux opérateurs privés ? C’est comme si on allait dans un supermarché coopératif mais sans les légumes bio ; avec une autre voix pour les annonces que dans les trains de la SNCF et la promesse d’un voyage sécurisé, confortable et plutôt écologique d’un point A à un point B. Voici quelques éléments de réponses pour vous aider à vous faire une idée sur le sujet.
« Railcoop, la coopérative* qui fait renaître les lignes de train abandonnées ». Le titre trouvé par Reporterre (.net) dans son article du 2 juillet 2020 est évocateur, un tantinet racoleur. Il aurait été plus juste d’écrire « qui va tenter de faire renaître certaines lignes (…) abandonnées », mais c’eut été qui plus est trop long. Ca n’est peut-être pas une nouvelle des plus sensationnelles mais il y a tout de même quelque chose de breaking news selon moi. C’est pas anodin un nouvel acteur alternatif – issu de l’ESS – de la transition énergétique qui casse la routine (ou plutôt la « rail-tine ») en même temps que le marché. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ?
Alors qu’elle avait été abandonnée par la SNCF en 2014, la liaison entre Bordeaux et Lyon sera selon toute vraisemblance la première ligne voyageurs de Railcoop à s’ouvrir d’ici 2 ans. Tout un symbole. La coopérative a-t-elle pour autant raison sur « toute la ligne » ? En effet, de gros travaux sont à prévoir sur cette dernière. C’est d’ailleurs en grande partie pour cette raison que la SNCF l’a délaissée, un cercle vicieux s’étant inexorablement installé. David Plagès, de la CGT cheminots régionale, prédit que sans un véritable investissement dans la rénovation des voies vieillissantes, « il n’y aura pas le report tant souhaité de la voiture vers le train (…) pour que le train puisse aller plus vite ».
Railcoop vise en tout cas à offrir un service misant sur la ponctualité et le confort, ce qu’on reproche souvent à la SNCF. En outre, elle mettra un point d’honneur à proposer de la place pour stocker deux roues, poussettes ou encore matériel de ski. Elle aimerait par ailleurs se rapprocher de professionnels de l’événementiel présents dans les territoires traversés afin de coller au plus près des attentes des usagers, festivaliers par exemple.
Côté prix, ça donne quoi ? 38 euros (tarif de base) pour un aller entre Bordeaux à la capitale des gones. Circuleraient chaque jour six trains, trois dans un sens et autant dans l’autre. Si le trajet serait plus long qu’en prenant le TGV avec une correspondance par Paris, il serait aussi beaucoup moins cher puisqu’il faut compter une centaine d’euros en moyenne avec la SNCF. Alors, convaincu-e-s ?
Mais ça n’est pas tout ! A prendre impérativement en compte dans l’équation : quid du financement et des énormes investissements de départ, sans parler de la suite et des risques encourus sur ce marché pour le moins chaotique. C’est là que ça devient très intéressant ! Qui va mettre au pot ? Vous, moi, votre vieil oncle ferrovipathe (= collectionneur de trains miniatures, et non une personne qui a le mal de train!) ? C’est 100 euros la mise avec un rendement encadré** et donc très limité. C’est pas le but premier de faire du fric vous me direz. Et bah non, justement.
Avis à toutes celles et ceux qui croient que l’enjeu qui consiste à relancer le train est crucial, que ce dernier est indispensable pour compléter le maillage territorial en grapillant petit à petit des parts de marché sur l’auto et l’avion.
Pour avoir le droit de se lancer dans l’aventure, Railcoop doit notamment obtenir une licence ferroviaire. Pour se faire, elle doit atteindre un capital social d’1,5 million d’euros minimum d’ici fin 2020. Ses gérants sont confiants, surtout si les collectivités locales devenaient elles aussi copropriétaires de Railcoop.
Tandis que le nouveau Premier Ministre vient d’annoncer un soutien massif au transport ferroviaire (fret, Intercités, trains de nuit), c’est avec beaucoup d’espoir que nous accueillons cette nouvelle… concernant Railcoop ! Ces annonces gouvernementales seront-elles rapidement suivies d’actes ou juste un effet de comm°, sans lendemain ? Pour tous les frontaliers franco-suisses, ce débat va bon train, ça CEVA et ça revient. Espérons que ça reviendra souvent, de plus en plus, jusqu’à des avancées majeures en sa faveur et, qui sait, grâce au déploiement de Railcoop, synonyme de vent de fraicheur et de bel élan d’espoir.
*Railcoop s’est créé en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), dans laquelle chaque souscripteur a droit à une voix, quel que soit le nombre de parts de la société qu’il possède.
**le rendement est « au plus équivalent au taux moyen des obligations des trois dernières années majoré de 2%) sans que la part d’excédent versée en intérêt aux parts sociales ne puisse représenter plus de 42,5 à 50% du résultat » (www.railcoop.fr).
SOURCES :
https://reporterre.net/Railcoop-la-cooperative-qui-fait-renaitre-les-lignes-de-train-abandonnees
https://reporterre.net/L-avenir-des-trains-de-nuit-attendra-la-fin-de-l-ete