SUV qui peut !
Dans ce premier article de notre volet transport que nous démarrons ici et qui s’étendra jusqu’au sortir de l’hiver, et si on parlait un peu de la « suvisation » de la société, de notre société « moderne »… modèle? Euh.. Le très marketing SUV aurait-il remplacé le bon vieil Espace familial, monospace « à la papa » par excellence à la fin du XXème siècle et au début de celui-ci ? Qui n’a pas vu ou entendu au cours des derniers mois un spot publicitaire idéalisant ce genre de véhicules alliant confort, un côté imposant et une forme de virilité ?
Trois-quatre chiffres pour démarrer qui font frémir. Ces véhicules de plus de 1,5 tonnes, dont le poids excède d’au moins 200 kg les voitures plus petites type Citroën C4 ou Renault Zoé, émettent en moyenne 20% de gaz à effet de serre (GES) de plus. Ces 4×4 des villes « sans pare-buffles » émettent chaque année dans le monde 700 mégatonnes de CO2, soit autant que le Royaume-Uni et les Pays-Bas réunis. Encore plus parlant : si les SUV étaient une nation, ils se seraient classés, en 2018, à la septième des plus gros pollueurs. Paf !
Au niveau mondial, il s’agit – accrochez bien votre ceinture ! – de la deuxième source d’augmentation des émissions de CO2 dans le monde au cours des dix dernières années, après le secteur de l’énergie, mais devant l’industrie lourde et le secteur des transports routiers. En France, seul l’aviation fait pire en termes de hausse des émissions de GES énergétiques. Ca fait mal, ça fait mal…
Enfin, en France, le nombre de Sports Utility Vehicle neufs en circulation a été multiplié par sept ou huit – selon les sources – en dix ans. Les SUV ce sont aujourd’hui 38% des ventes, environ 10 millions de véhicules au total et 16% du parc automobile. Et re-re-paf ! Le décor « suvorifique » est planté. C’est sûr, on n’en a pas fini de faire suer la planète avec ces SUV !
En un mot, une menace voire une mort certaine pour l’accord de Paris (2015)* pour limiter le dérèglement en même temps que le réchauffement climatiques. Pour le WWF, l’emballement autour des SUV est tout bonnement « incompatible avec la réalisation des objectifs climatiques internationaux dont s’est dotée la France à l’horizon 2030 ».
On se souvient que la Convention citoyenne pour le climat proposait la fin de la pub pour les véhicules les plus polluants, sous-entendus les SUV. Une mesure vite balayée d’un revers de la main du gouvernement qui semble tarder à reconnaître l’urgence de la crise environnementale. Ahh, il est loin le temps des Cocc’ et des 2 CV !
Parmi les autres solutions, les députés relancent l’idée d’un malus en fonction du poids des véhicules neufs qui pourrait être proposée d’ici la fin de l’année par le truchement d’un amendement au projet de loi de finances 2021. Si certains ont un SUV, d’autres ont le « sum » du XXIème siècle et sont autrement dit très très énervés (comme Sum41 à l’époque) de voir que l’on patine dans la semoule dans ce domaine. En somme, le problème que pose le boom des SUV est qu’il remet en question l’efficacité de toute politique de report modal et/ou de sobriété en direction du développement des mobilités douces, alternatives et des transports en commun.
Toujours pour l’ONG qui désire avancer « à panda géant » sur le sujet, une limitation des SUV, y compris électriques, couplée à une électrification des autres types de quatre roues moins globalement pollueurs, permettrait d’atteindre l’objectif de diviser par deux les émissions de GES d’ici 2030. C’est demain et si on agit pas maintenant mesdames et messieurs les gouvernants et nous autres citoyens qui pouvons faire bouger les lignes, on va droit dans le mur dans notre SUV parfois surpuissant, suréquipé et surpassant les capacités « respiratoires » de la planète.
https://www.franceinter.fr/emissions/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-08-octobre-2020
https://reporterre.net/Les-voitures-SUV-roulent-a-contresens-de-l-histoire
https://unfccc.int/fr/process-and-meetings/l-accord-de-paris/qu-est-ce-que-l-accord-de-paris