Si proche et pourtant si loin de la Nature avec un grand « N »…
Le sujet est bien trop vaste pour être suffisamment exhaustif, précis et complet. Il faudrait balayer un ensemble immense de domaines. Il faudrait rédiger plusieurs articles en ayant épluché un paquet de sources et après avoir recueilli le témoignage d’une multitude d’éminents spécialistes.
Tentons toutefois d’offrir – modestement – une grille de lecture et quelques clés qui nous aideront à ne plus pratiquer et/ou consommer le sport comme avant.
Pour ce faire, prenons l’exemple d’un•e coureur•se à pied et tentons de décortiquer une à une, les étapes de sa pratique en les passant à la moulinette de la « vertitude ».
Car comment ne pas évoquer les sports (de) nature, en pleine expansion depuis une quinzaine d’années ?
Demandez au 900 000 traileurs français (source : Ledauphine.com, 2018) s’ils se sentent écolo, s’ils considèrent que leur pratique est écologique, etc. ? Il est fort à parier que certains d’entre eux•elle, certainement bien plus qu’on ne l’imagine, n’ont aucune idée de leur empreinte carbone liée à leur activité sportive.
Dans quelle mesure peuvent-ils se sentir effectivement « écolo » ?
Première étape lorsqu’on se met à courir après un chrono ou tout bêtement une (très très) lointaine ligne d’arrivée : les pompes et le reste du matériel du parfait runner.
Le budget moyen annuel d’un coureur pourrait se situer autour des 1000 €, même si cela reste évidemment très variable et dépend notamment du niveau de pratique et jusqu’à quel point le marketing va influencer le chaland pour qu’il s’équipe de la tête aux pieds, sans parler de la nutrition et des gadgets électroniques, plus ou moins dispendieux.
Voici une première approche propice aux questionnements et à une éventuelle remise en question.
Ensuite, si les coureurs au long cours aiment voyager et sont précisément amenés à voyager pour courir, que dire du textile qu’ils portent sur eux ! L’Asie du sud-est en tête, les horizons « funèbres » de ce sport sont en effet infinis !
Chaussures, short, sac à dos, teeshirt, casquette, tour de cou, lunettes, lampe frontale, chaussettes de contention, bâtons, montre gps, flasques, tasse réutilisable rétractable, gels, barres, poudre, poisons énergisants, etc., ce qui est éco-conçu ou éco-responsable en général reste marginal !
Parmi les équipementiers de l’outdoor les plus soucieux du respect de la planète, on retrouve sur la « boîte » le géant américain Patagonia, l’allemand Vaude et le français Picture Organic Clothings. Problème : ces marques sont guère présentes sur le marché du trail running ! Les Salomon, Adidas ou encore Hoka One One trainent un peu les pieds mais semblent forcés de suivre le mouvement.. Alors, en attendant, pourquoi pas acheter 100% made in France avec https://www.veets.fr !
Autre bon moyen de consommer de manière responsable : se fier aux labels. Citons par exemple GOTS : Global Organic Textile Standard ou Oeko-Tex dont les exigences environnementales, sociales et en termes de qualité des produits semblent plutôt élevées.
Citons encore « Detox to zero » créé en collaboration avec Greenpeace pour évaluer l’utilisation de polluants chimique, le label Max Havelaar pour un coton équitable, etc. Le sujet est vaste et passionnant et pourrait faire l’objet d’un article à lui seul.
Et avant d’acheter, qui plus est pour du matériel non essentiel, privilégions le seconde main. Et avant de jeter, renseignons-nous autour de nous car il existe des recyclerie comme à Nantes avec SupporTerre ou, plus proche de nous, Runcollect(.fr).
Si l’on s’intéresse à présent rapidement aux marques engagées spécialisées dans le miam miam sportif, on se doit de mettre en avant la locale de l’étape Baouw. Cette dernière repose en effet sur une production bio et de proximité. Seul hic : le prix. Ca pique un peu !
Mention spéciale à Cook N Run avec la totale : des aliments bio, un emballage 100% compostable et, cerise sur le gâteau, membre de 1% for the planet. Enfin, les produits à base de miel Meltonic sont non seulement vertueux mais aussi bio, rechargeables et pas mauvais du tout en goût !
Quid de l’événementiel ?
Si les organisateurs ont fait des efforts remarquables au cours des dernières années pour réduire leur empreinte carbone, il demeure de nombreuses zones d’amélioration.
Et cela passe bien souvent par des actions on ne peut plus simples, à commencer par inciter les participants à faire du covoiturage, utiliser un balisage non polluant ou encore obliger les coureurs à respecter les sentiers existants (sous peine de sanction) pour ne pas accélérer l’érosion.
Lors d’un événement sportif, agir en éco-citoyen consiste à boycotter les courses trop peu respectueuses de l’environnement et/ou trop éloignées de son domicile, refuser certains goodies et covoiturer si possible bien sûr !
A contrario, pourquoi ne pas lier l’utile à l’agréable, pourquoi ne pas souffrir encore moins.. pour rien en faisant du plogging ou en s’inscrivant à une compétition qui se veut éco-friendly !? Le site https://www.trailrunnerfoundation.com/ suggère quelques idées sympas. Enfin, l’association Baskets aux pieds (https://www.facebook.com/bapfr/) mérite aussi toute notre attention et notre affection tant sa philosophie et ses actions sont ancrées dans l’air du temps.
Par ailleurs, l’un des gros enjeux des années à venir c’est la résolution (politique) des contextes conflictuels qu’il peut exister entre protecteurs de la nature et sportifs et ce, par le biais de concertations préalables et de l’élaboration d’outils scientifiques.
Le but étant ainsi de déterminer si tel ou tel espace naturel est apte – ou pas – à accueillir tant de public, quand et comment. La préservation du patrimoine et des écosystèmes naturels (ainsi que de la santé des français) priment, pas la tenue à tout prix de l’UTMB*.
A ce titre, le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) de Haute-Savoie a établi un Guide de l’organisateur « pour définir des actions de prévention ou de limitation des impacts » sur les milieux traversés avec, concrètement, des fiches pratiques sur les obligations qui lui incombent au niveau administratif et réglementaire.
Vouloir aller au bout d’un marathon ou d’un « ultra » en bafouant ou simplement en faisant fi du développement durable, c’est un non sens total. Comment se sentir bien dans ces baskets si l’on continue à fermer les yeux sur des vérités dérangeantes mais loin d’être incompatibles avec l’épanouissement au plan sportif !?
Alors, à vos baskets mais surtout en prenant du recul, car cela permet toujours de mieux sauter et rebondir.
Pour que le sport rime véritablement avec « Nature ».
*Ultra Trail du Mont-Blanc®
SOURCES :
dossier sur l’écoresponsabilité dans la revue la Montagne et Alpinisme n°282 – 4 / 2020
https://www.ledauphine.com/economie-et-finance/2018/09/04/le-marche-du-trail-en-pleine-ascension
https://www.cairn.info/journal-natures-sciences-societes-2007-2-page-162.htm?contenu=article
https://france3-regions.francetvinfo.fr/ecologie-quand-sport-s-y-met-1729723.html
https://www.zerowastefrance.org/wp-content/uploads/2019/05/zw-sport-hdef.pdf
http://www.cen-haute-savoie.org/activites-sportives-sensibilite-faune
Cela fait réfléchir ! Si l’on comprend le sport auto etc., dans ce cas là, la question ne se pose pas.
Certains sports ont un impact plus négatifs que d’autres, mais rien n’empêche de penser sa pratique sportive de manière écologique même celle qui semble la plus minimaliste 🙂