J’apprenais dernièrement de la bouche d’un éminent écologue (l’un des meilleurs spécialistes du loup en France) qu’un chat tue en moyenne 5 oiseaux par an. Sachant qu’il y aurait environ 15 millions d’amis ronronnant dans l’hexagone et qu’il s’agit certainement de fourchettes basses*, je vous laisse le soin de faire le calcul pour vous rendre compte de l’ampleur des dégâts…
En Suisse, ce n’est pas moins de 35 millions d’oiseaux qui sont croqués chaque année, dont 30 millions qui finissent dans les griffes des gros minets. Le reste des décès est à mettre sur le compte des vitrages, le trafic ou encore les éoliennes.
Et ce n’est pas tout sur le matou ! Selon certaines sources, un couple de chats errants non-stérilisés pourrait engendrer jusqu’à 20 000 descendants en quatre ans. Vous avez bien lu : 20 000 descendants en quatre ans… Si on le rapporte de nouveau au nombre d’oiseaux dévorés chaque année, la note est salée.
Ok, les défenseurs de nos félins préférés mettront bien évidemment en avant le rôle du chat dans la traque des souris, mulots et autres campagnols. Oui mais les chats domestiques, s’ils traquent les rongeurs, c’est bien souvent pour jouer. Certaines races de chats (ex : sacré de Birmane) auraient même complétement perdu cet instinct primaire. Sur ce sujet épineux, on n’a donc pas fini de jouer au jeu du chat et de la souris !
En ce qui concerne les toutous, ils seraient un demi millions en Suisse et au moins quatorze fois plus en France. Au sens du droit fédéral suisse, les animaux de compagnie: sont des « animaux détenus par intérêt pour l’animal ou comme compagnon dans le propre ménage, ou destinés à une telle utilisation ». La définition française est sensiblement la même. Un tel cadre justifie-t-il un traitement parfois inadapté selon que l’animal se retrouve en maison ou en appartement (sans jardin), une totale liberté quant à la prédation de la faune sauvage, etc. ?
Selon Daniel Curnier, docteur en sciences de l’environnement de l’Université de Lausanne (dans un article de www.24heures.ch publié le 24 février dernier), « ces bêtes répondent à des besoins humains, elles n’existeraient pas sous cette forme sans intervention de notre part.»
Il est par exemple intéressant d’apprendre que – selon plusieurs sources robustes –le besoin en termes de dépense physique d’un chien adulte serait de 5 à 7 heures quotidiennes. À l’instar de notre propre activité sportive, on est loin du compte pour une très grande majorité de propriétaires de chien(s) ! On peut donc aisément supposer que de nombreux chiens souffrent de ne pas se balader suffisamment, sans parler d’’éventuels problèmes d’attention, de nutrition, etc.
Mais tout n’est pas noir sur le tableau ! Sur le rôle des animaux de compagnies, des résultats réconfortants et prometteurs de chercheurs canadien viennent de paraître (dans la revue scientifique PLOS One). « Les interactions avec un chien de thérapie pourraient alléger la perception de la douleur en distrayant le patient de ses symptômes et en influençant son ressenti ». L’étude conclut ainsi sur le fait que la présence d’un chien aurait un impact positif sur la douleur et l’anxiété d’un patient à l’hôpital et des personnes qui l’entourent, personnel de santé inclus. En Amérique du nord, des effets positifs ont même été constatés chez des jeunes patients atteints de cancer ou des personnes âgées placées en maison de retraite.
Si cette forme de thérapie est de plus en plus utilisée dans les établissements de santé aux Etats-Unis et au Canada, en France, seules quelques structures intègrent désormais des chiens de thérapie pour améliorer le bien-être de leurs patients. En poursuivant les essais et les recherches dans ce domaine, les « loulous » pourraient devenir une bonne alternative à certains médicaments et de véritables (éco-)thérapeutes dans les hôpitaux.
Il ne sera pas fait état dans cet article du volet alimentation (croquettes écoresponsables?), des bars à chats et des bienfaits notamment sur le plan psycho-social voire philosophique** d’un chien ou d’un chat. Par ailleurs, l’idée n’est en aucun cas de remettre en cause l’ampleur et la beauté de la plupart des liens d’amour échangés entre humains et chiens et/ou chats, et in fine de miner encore plus notre moral dans le contexte écocide actuel. L’objectif est simplement de recontextualiser et de poser – modestement – de bonnes bases de réflexion pour celles et ceux qui s’apprêtent à doter leur foyer d’une petite boule de poils.
Cet article est aussi un hommage d’une part à toutes les bêtes victimes de violences ou laissées à l’abandon et, d’autre part, à la SPA et autres formidables structures d’accueil.
*Ce calcul ne prend pas en compte les chats dits sauvages. On tombe donc à une moyenne de 0.22 chat par habitant ; à titre de comparaison : la Suisse comptait 1.6 millions de chats en 2018, soit une moyenne de 0.19 chat par habitant.
**Je recommande le livre « Montaigne, Kant et mon chien » d’Audrey JOUGLA aux Ed. Delachaux et Niestlé)
SOURCES :
Les chats sont-ils « pour partie » responsables du déclin des populations d’oiseaux ?