Dans un contexte sociétal très riche en rebondissements et crises en tout genre, quoi de mieux qu’un petit bilan des dernières avancées plutôt encourageantes en matière d’écologie, qu’il s’agisse des échelles locale, nationale ou planétaire ?
Ce n’est pas la Française des jeux qui a mis en route ce concept. Alors que vient de s’écouler la traditionnelle saison des lotos et que vous avez peut-être pu gagner un téléviseur ou un jambon – plus difficilement une voiture -, le parc naturel régional (PNR) de Chartreuse vient de publier un article sur l’auto-partage. L’idée ? Se partager une voiture entre particuliers voisins, amis ou collègues de travail en l’occurrence au sein d’un massif, “un objet de partage qu’on utiliserait uniquement en fonction de ses besoins”.
Parmi les avantages à faire appel à une voiture partagée, il y a bien évidemment les économies de frais de carburant et le fait de désengorger et de dépolluer les zones problématiques concernées. En cause notamment : les nombreux déplacements pendulaires entre la Chartreuse et Grenoble.
D’autres motivations de nature écologique peuvent entrer en compte telles que la faible utilisation de son véhicule, la possibilité d’amortir davantage les coûts d’entretien voire la volonté d’aider des personnes non véhiculées. Et oui, l’altruisme c’est possible aussi à ce niveau-là ! Après, il est évident que si ton voisin a l’habitude de rouler dans son SUV électrique à 100’000 €, pas sûr qu’il soit d’accord de le prêter au premier venu.
En quoi l’aide d’une structure telle que le PNR de Chartreuse peut-être prépondérante ? Tout d’abord car elle peut proposer des outils (numériques) incitatifs et/ou de facilitation des échanges. Autre coup de pouce très intéressant : le fait de souscrire à une “assurance adaptée et gratuite qui permet d’assurer l’emprunteur et d’éviter tout malus au propriétaire en cas d’accident”. Enfin, elle va permettre de fixer des modalités pour organiser le partage sur des sujets tels que l’emplacement où sont rangées les clés, le tarif kilométrique appliqué ou encore sur « qui est prioritaire en cas de conflit sur l’utilisation de la voiture ».
Une belle avancée dans la droite lignée du covoiturage et donc de la réduction de la congestion et du même coup de la pollution, des thèmes récurrents et plus que sensibles dans nos régions “naturels” prisées et aujourd’hui saturées. Espérons que l’on puisse déboucher de notre vivant une bonne bouteille pour fêter un jour la réalisation d’un vieux serpent de mer : un tram entre Annecy et Genève ! C’est en tout cas ce que j’ai écrit sur ma lettre pour le Père Noël d’Andilly…
Toit-terrasse, c’est vraiment toit
Autre domaine, autres espoirs concrets : les toits-terrasses ! L’association genevoise Terrasse sans frontières, dont j’ai eu la chance d’assister au témoignage de sa directrice à l’occasion d’une conférence sur la RSE organisée par Bees4You en partenariat avec la FER Genève en novembre dernier, est un véritable fer de lance en Europe. Les chiffres parlent pour eux, l’efficacité de ces dispositifs, en plus de l’aspect esthétique, est redoutable. En effet, on ne réduit pas seulement les émissions de GES et les températures atmosphériques (les fameux « îlots de chaleur” urbains). Non, on réduit aussi les risques d’inondations, on limite l’effondrement de la biodiversité, on permet aux abeilles de butiner même sur les toits de notre immeubles et de produire in fine du miel de qualité. Autre avantage : une co-installation avec des panneaux photovoltaïques garantit un meilleur rendement de ces derniers. Enfin, si les investissements de départ sont conséquents, il existe des aides publiques importantes et, secondo, le retour sur investissement est (très) positif et plutôt rapide. Franchement, si les toits végétalisés ne sont pas une aubaine dans ce marasme citadin ou on suffoque et où on n’attendra bientôt plus les passereaux chanter si on ne change rien maintenant !
Le leader européen en la matière ? Bâle. Tiens tiens, on serait bien inspiré d’en prendre de la graine et de nous inspirer un peu de nos voisins suisses…
Oasis is good
Autre joli succès de cette année écoulée et dont vous avez tous probablement entendu parler : le financement “coopératif”, en particulier en faveur des éco-lieux. On ne parle pas de l’ex-groupe de rock éponyme mais bien de la coopérative Oasis récompensée cette année en France par le Grand Prix de la finance solidaire catégorie « épargne solidaire », une initiative de FAIR et du journal Le Monde. Leur mission : nous proposer des projets de lieux de vie écologiques à soutenir pécuniairement, sauf qu’il n’est pas question ici de cagnottes de financement participatif (crowdfunding) où les dons sont uniquement en partie défiscalisables, mais bien d’investissements “d’épargne solidaire” avec encaissement d’intérêts en contrepartie.
Caringa dans le Morbihan est un exemple de collaboration fructueuse avec la Coopérative Oasis et les nombreux actionnaires citoyens qu’il y a derrière. Une convention sur 10 ans prévoyait ainsi un “apport financier de 200 000 euros (pour) finaliser l’achat du lieu, le financement des premiers travaux et l’installation de panneaux solaires sur les toits”. La plupart des écolieux sont en outre accompagnés pour ce qui concerne le montage juridique et la vie en collectif (gouvernance, savoir-être, gestion relationnelle). Juste top et si vous avez quelques deniers à placer, vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire !
Le monde en fusion ?
Alors que le sujet du mix énergétique est l’un si ce n’est celui qui est le plus critique – et le plus passionnant – pour les mois et les années à venir au vu du contexte politique, économique et environnemental, et si le nucléaire devenait un véritable catalyseur de la transition énergétique ? Alors que la France était en fusion dimanche dernier à l’occasion d’une finale de Coupe du monde de football mémorable dont on ne cessera de se demander comment pareille compétition a pu avoir lieu, les américains viennent de lâcher une bombe sur le plan scientifique. Une découverte révolutionnaire ? Des chercheurs ont en tout cas réussi à mettre au point un processus – l’ignition, “où la fusion de noyaux atomiques (à l’aide d’un laser à 3,5 milliards de dollars tout de même) produit davantage d’énergie qu’il n’en consomme”.
Hop hop hop, ne nous emballons pas les amis. Les “lasers (utilisés) nécessitant eux-mêmes 322 mégajoules d’énergie pour fonctionner”, il faudra certainement attendre plusieurs décennies pour obtenir des applications civiles et industrielles. On s’en fiche, c’est quand même une super nouvelle qui en appelle d’autres !
En conclusion, on aurait pu évoquer encore dans ce dernier article de l’année l’automédication, les mégabassines ou encore de toutes les idées cadeaux “DIY” et/ou “écolo” pour Noël. Une chose est certaine, alors que se tenait jusqu’au 19 décembre la COP 15 sur la biodiversité et que de solides engagements ont été pris (à charge pour les Etats de les faire appliquer concrètement dans les 2-3 ans), l’année 2023 sera une année charnière s’il en est, l’année de l’écologie ? Et si la nomination de Marine Tondelier – 36 ans – marquait un tournant dans le paysage politique français ? Et si on continuait de parler écologie et d’agir en conséquence dans la bonne humeur ? A cette dernière question, la réponse est OUI !