Entre le discours et l’action, il y a parfois un gouffre, c’est exactement ce que tente de mettre en lumière l’association Les Amis de la Terre-France au travers de son Prix Pinocchio.
Cette année encore, c’est un jury populaire qui a désigné les grands gagnants : les internautes étaient appelés à voter pour leurs chouchous.
Voici donc le résultat de ce pugilat médiatique, ou quand Pinocchio prend la fessée !
Catégorie « droits humains »
Le groupe Somdiaa décroche ce prix avec 32 % des votes pour les impacts de ses activités de production et de transformation de canne à sucre, dont l’extension se fait aux dépens des communautés rurales dont la sécurité alimentaire est ainsi menacée.
Et Yves Zoa, secrétaire général du Coden, de rajouter : « Les Prix Pinocchio permettent de mettre en exergue les méfaits de certaines multinationales sur les conditions de vie et de travail des populations dans nos pays. Ainsi les habitants de Ndo espèrent que ce prix fera réagir Alexandre Vilgrain, PDG de la Somdiaa, et qu’il usera de son influence pour mettre un terme aux violations de leurs droits par sa filière camerounaise, la Sosucam ».
Catégorie « environnement »
Le groupe Eramet reçoit quant à lui reçu le prix Pinocchio « environnement » avec 40 % des votes pour son projet de développement de la mine de nickel en Indonésie. Ce cas illustre le double discours du groupe qui, loin de l’image d’ « entreprise citoyenne », vient d’obtenir une caution de la Banque mondiale pour un projet extractif à grande échelle dans les fragiles écosystèmes forestiers de l’île d’Halmahera.
Selon Bernard Salamand, président du Centre de recherche et d’information pour le développement : « une régulation contraignante des multinationales est d’autant plus cruciale s’agissant de l’utilisation ou de l’exploitation des ressources naturelles car la satisfaction de la consommation des pays du Nord entraîne une surexploitation de ces ressources au Sud, avec leur cortège de dégradations de l’environnement ».
Catégorie « greenwashing »
Le Crédit Agricole quant à lui se voit décerner le prix « greenwashing » avec 56 % des votes. Lors de sa récente campagne de communication « It’s Time for Green Banking » la banque met en avant son « sens commun » alors qu’en août dernier, elle investissait dans la centrale à charbon de Medupi en Afrique du Sud, un projet polluant et décrié par la société civile internationale.
En pointant du doigt les mauvais élèves, les Amis de la Terre souhaitent ainsi provoquer une réaction chez ces entreprises. Espérons qu’elles entendent cet appel non comme une provocation, mais comme la volonté du grand public à les voir changer de stratégie.
(Source et Crédits Photos amisdelaterre.org)