Peut-être n’avez-vous pas encore succombé à l’envie d’acheter un eReader [ndr : les puristes parlent de liseuse numérique… je lui préfère le terme lecteur numérique]. Le débat n’est pas ici de remettre une couche sur la dématérialisation, mais de vous parler d’une alternative qui libère la culture et dépoussière les étagères.
Le livre : une révolution culturelle continue
Au Moyen-Age, les livres étaient des objets rares, uniques et précieux, fabriqués uns à uns par des moines et destinés à un usage restreint : la diffusion de leur contenu étant réservée à une minorité ecclésiastique. A partir du XIIIème siècle, cette activité est progressivement confiée à des ateliers laïcs dans lesquels les manuscrits sont réalisés par des copistes et des enlumineurs.
La production s’intensifie, tout comme la diffusion : le livre gagne les couches sociales aisées, mais son coût prohibitif le place hors d’accès de la masse. La demande des universités et des initiés se fait alors de plus en plus forte, et pour répondre à ce besoin croissant, il faut révolutionner le procédé de production des ouvrages.
Cette attente est comblée grâce à la naissance de l’imprimerie dans les années 1440 : une innovation née de l’amélioration du procédé de xylographie (gravure sur bois) employé pour reproduire des images, et du génie d’un homme (Johannes Gensfleisch, plus connu sous le nom de Gutemberg de notre côté du Rhin). Grâce à l’imprimerie, l’apprentissage de la lecture s’est démocratisé. Le lire est devenu bien plus qu’un moyen d’acquérir de nouvelles connaissances ou de se divertir : c’est un moyen d’insertion sociale, et d’évolution sociale.
Les évolutions du livre papier à notre époque
Si nous assistons (ou contribuons) à l’avènement de l’ère du livre numérique, le livre papier fait toujours parti de notre paysage, le lecteur étant d’ailleurs fortement attaché à ce support (étude Harris). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la dématérialisation n’a pas fait chuter la production de livres, en témoignent les chiffres clés du livre 2009-2010 publiés par l’observatoire de l’économie du livre, du service du livre et de la lecture (+1% de livres produits).
Cette croissance, relative mais bien réelle, est due en partie à une évolution énorme mais plutôt silencieuse des nouveaux procédés d’impression. Avec l’arrivée de l’impression numérique (des tirages moins volumineux) et de l’auto-édition : le lecteur détient désormais le pouvoir de devenir auteur, et de passer de l’autre côté du miroir.
Le livre papier peut-il encore évoluer ?
L’arrivée de l’informatique, d’internet et des réseaux sociaux offre la possibilité à chacun de s’adresser à la masse pour conseiller un livre, donner ses impressions sur une lecture, ou échanger sur ses auteurs favoris au sein de communautés. Des réseaux comme Libfly, aNobii, ou Babelio ont vu le jour, mais cette interaction on-line n’est autre que la traduction numérique d’un concept initié par les cafés littéraires il y a plusieurs décennies, à l’instar du Procope où Balzac, Hugo ou encore Verlaine avaient leurs habitudes.
Au delà de cette nouvelle vie virtuelle, et je n’aborderais même pas ici le sujet de la numérisation des livres et des catalogues de bibliothèques, le livre papier a encore une carte à jouer IRL (in real life / dans la vraie vie). Si il est des livres qui marquent tout une vie, et que l’on conserve religieusement pour les relire, il en est d’autres (la plupart) que nous oublions rapidement. Ces livres sont devenus des supports à usage unique, relégué au rang de bien de consommation, et bien souvent abandonnés sur des étagères poussiéreuses sitôt refermés.
Et si on abandonnait ses livres autre-part que dans sa bibliothèque ?!
Ces livres, livrés à eux-même, ne profitent à personne. Mais nous avons la possibilité de faire changer les choses et de « libérer la culture » : c’est le concept proposé par Book-Crossing, un site qui vous propose d’abandonner dans des lieux publics les livres que vous avez déjà lus pour en faire profiter les autres.
“Un livre n’est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l’esprit et l’âme d’un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l’êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui.” Henry Miller
Abandonner ses livres pour faire vivre la culture est une forme de recyclage : cette seconde vie offerte au livre papier est aussi un moyen de faire profiter d’un ouvrage à une multitude de personnes, puisque l’esprit de Book-Crossing est justement de permettre aux livres de voyager de lecteur en lecteur, au gré des abandons volontaires.
www.bookcrossing.com
Le livre libéré par un book-crosser (ou corsaire du livre) est abandonné dans un lieu public. Préalablement inscrit sur le site de Book-Crossing où il reçoit un numéro de suivi; il est ensuite étiqueté avec un explicatif de la démarche. La personne qui va le trouver pourra alors profiter de l’ouvrage, s’inscrire sur le site pour partager ses impressions ou inter-agir avec les autres membres, et pourquoi pas devenir à son tour un book-crosser.
http://www.dailymotion.com/video/x1qrs1_reportage-bookcrossing-rtbf_events
Je trouve la formule plutôt sympa, et franchement dans son époque. Je pense l’expérimenter, et vous ? Téléchargez le kit Book-Crossing à imprimer pour partager vos livres, et inscrivez-vous sur le site de Book-Crossing.
Bonjour et merci pour la mention sur le bookcrossing 🙂
Oh, merci pour cet article. J’avais complètement oublié l’existence de Book Crossing. Si mes souvenirs sont bons, j’ai du libérer quelques livres, sans utiliser ce service, il y a quelques années. Le manque de place pour mes bouquins et ma récente acquisition d’une liseuse numérique me pousse à réenvisager de partager une partie de ma bibliothèque papier.