En 2050 la France produira une électricité 100% verte. Ca tombe bien, sur l’Eco-blog on a le nez dans le moteur… Électrique en ce moment. Pour ce deuxième épisode, petit retour sur l’histoire d’une révolution annoncée.
La semaine dernière, un rapport passionnant sur l’électricité verte est sorti du placard grâce à Mediapart : d’après l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie, d’ici 2050 les énergies renouvelables pourraient fournir 100% de notre électricité. Oui, vous avez bien lu, d’ici 2050, en France. Si on peut se passer du nucléaire pour rouler à l’électricité, la voiture électrique sera vraiment 100% verte, et ça c’est une très bonne nouvelle.
Mais avant de parler d’avenir, revenons un peu sur des débuts qui n’ont pas toujours été simples.
1910, l’âge d’or
Le saviez-vous ? Le véhicule électrique existe depuis l’invention de l’automobile.
En 1859, Gaston Planté invente la batterie rechargeable qui sera la base de tous les moteurs électriques.
En 1881, l’inventeur Gustave Trouvé présente le premier véhicule électrique à l’Exposition Internationale d’Electricité de Paris.
En 1894 l’Electrobat connait un vrai succès commercial aux USA. À New-York on croise même des taxis électriques en 1897.
En 1899 la « Jamais contente », une voiture de course électrique bat ses concurrentes thermiques et atteint les 100km/h.
En 1910, la production est florissante, la voiture électrique vient de connaitre son âge d’or. Commence ensuite un long déclin. L’éternel problème de la voiture électrique reste son autonomie, très faible, tandis que le moteur à explosion connait un développement rapide.
En 1908 Ford lance la Ford T, le modèle qui démocratisera l’automobile. Avec son moteur thermique elle deviendra l’étalon de la production automobile. D’autant qu’à l’époque le pétrole coule à flots. Qui plus est, les hommes préfèrent ces voitures thermiques pleines de bruit et de fureur aux électriques silencieuses et moins rapides. La voiture électrique paye déjà le prix de son manque de virilité… Si les conductrices avaient été plus nombreuses au début du siècle, tout aurait été différent.
L’ère du prototype
Mais quand tout le monde a une voiture thermique, un nouveau problème émerge dans les pays industrialisés : la pollution. Dans les années 60 la question agite les esprits et la voiture électrique redevient la solution au problème.
Ford, qui a toujours une longueur d’avance, imagine la Comuta, une micro-car expérimentale censée régler les problèmes de stationnement et de pollution des grandes agglomérations. On envisageait même de la laisser en libre service comme nos Autolib’ ! Certes 60 km d’autonomie à 45 km/heure… C’était pas encore idéal mais c’était déjà ça. Hélas la Comuta reste un concept.
À partir de 1973 la crise du pétrole vient vraiment remettre les compteurs à zéro. La voiture électrique semble alors être l’avenir de l’automobile.
La pile à combustible extrêmement légère donne des espoirs à l’industrie automobile. En France, l’État pousse EDF à travailler sur le sujet et les constructeurs proposent de nombreux prototypes. Mais la voiture électrique ne démarre pas.
En 1992, la Zoom de Renault a pourtant tout pour plaire : déjà minuscule elle se plie en quatre pour rentrer dans les places de stationnement trop étroites ! Sans parler du téléphone et de l’ordinateur de bord. Ce concept car ne sera pourtant jamais commercialisé. Le véhicule électrique reste une vitrine destinée à vanter les capacités d’innovation d’une marque, mais personne n’y croit, surtout pas les conducteurs. Même s’ils ne font que 50km dans une journée ils veulent toujours une autonomie de 500km. Indécrottables !
Aux USA aussi les politiques publiques s’emparent un temps du dossier. En Californie le Zero Emission Vehicule Act est même voté en 1990 pour obliger les constructeurs à vendre au moins 2% de véhicules électriques d’ici 1998.
En 1996, la firme américaine General Motors lance la production de l’EV1, la première voiture électrique moderne de série. 1000 modèles seront produits et écoulés en location longue durée entre 1996 et 1998.
Dans les années 90 le lobby pétrolier et les constructeurs font pression : General Motors demande l’annulation de la loi ZEV, et début 2000 elle envoie à la casse toutes ses EV1 malgré l’opposition de leurs malheureux locataires. La mode est au SUV, et même les français s’y mettent.
Les hybrides ouvrent la voie
En 1997, c’est Toyota qui vient révolutionner la donne avec sa Prius. Son secret ? Elle n’est pas électrique mais hybride : son moteur thermique est assisté par un moteur électrique qui se recharge en roulant. Finie la peur du manque d’autonomie. Le concept de voiture propre commence à séduire un public de plus en plus large grâce à ces hybrides. Les bobos californiens assureront le succès du modèle et du concept. Les constructeurs se lancent tous dans ce créneau qui donne bonne conscience sans priver les accros aux vrombissements de moteurs.
Les hybrides font peut-être de l’ombre à l’électrique pendant quelques années, mais elles préparent aussi les esprits en douceur. Le vrai retournement de tendance a lieu au début des années 2010 : grâce aux changements de mentalité et aux améliorations des performances (puissance et autonomie) les véhicules 100% électriques commencent à être commercialisés à grande échelle dans le monde.
En 2015 la tendance se confirme : les constructeurs se bousculent et les ventes décollent. Renault et Nissan sont même en train d’être rattrapés par Volkswagen et sa Golf électrique.
Dossier à suivre la semaine prochaine…
En attendant, nous vous invitons à (re)lire la première partie de notre dossier sur les véhicules électriques : Véhicules électriques, enfin le boom !
Crédits photo :
Ford Comuta 1967 : CC Ford Europe
Zoom : Rémi from PARIS, FRANCE – DSC_0074. Licensed under CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons –
EV1: RightBrainfotography Creative Commons BY-SA
Je me demande bien par quel moyen on va arriver d’ici 2050 à se passer à 100% du nucléaire pour produire l’électricité.
Il faut dire que nos ancêtres étaient de vrais génies !