Même si la tendance y est moins prononcée que dans les pays anglo-saxons, le végétarisme et le végétalisme ont de plus en plus d’adeptes en France. Le refus de se nourrir de la souffrance animale est même de plus en plus hype, si, si : les barbus tatoués réclament aussi leurs veggie burgers. Au-delà de l’effet de mode, les raisons de ce choix sont soit éthiques, soit écologiques ou médicales. Soit les trois. On fait un point sur le sujet.
À l’instar de la religion, l’identité alimentaire est de plus en plus revendiquée, que ce soit par le commun des mortels ou par les célébrités. Nathalie Portman, Kate Winslet, Al Gore, le très viril Leonardo Di Caprio ou encore Mike Tyson… Ils sont tous végétariens ou végétaliens et fiers de l’être. On croise de plus en plus de produits vegan ou veggie sur les étals des supermarchés, qu’ils soient bio ou non. Pourtant, comme les religions, le sujet déchaine toujours les passions, il suffit de jeter un oeil sur les forums consacrés au sujet pour s’en convaincre. C’est qu’on ne rigole pas avec la nourriture au pays du cassoulet, de la choucroute et de la bouillabaisse.
Avant tout il s’agit de savoir de quoi on parle. Le terme Vegan est majoritairement utilisé sur le net en anglais, mais sachez que ‘vegan’ veut dire végétalien et ‘veggie’, végétarien. La différence entre les deux ? C’est simple : le régime végétarien exclut la consommation d’animal mort. Interdits donc la viande, le poisson ainsi que les crustacés.
Le végétalisme lui, exclu tout produit ou sous-produit animal, c’est à dire tout ce qui est issu de l’exploitation animale (entrainant ou non sa mort). À la première liste il faut donc ajouter les laitages, les œufs et même le miel(!). Le débat des pro-et des anti miel est même très houleux et très technique.
Être vegan est nettement plus contraignant, en particulier si on essaye de manger chez des amis ou à l’extérieur. Tout le monde saura préparer un plat de substitution pour un végétarien, mais pour cuisiner vegan il faut du savoir-faire et des ingrédients peu courants dans les placards des non-initiés.
Un nouveau terme se fait une place dans les conversations : le flexitarisme. Il s’agit en fait de la tendance qui consiste à manger « moins » de viande. En général c’est une étape sur le chemin du véritable végétarisme. Sans être sectaires, les végétariens et surtout les végétaliens sont assez agacés par ces flexitariens qui adoptent un peu leur mode de vie mais en version ‘à la carte’, et plus encore par ceux qui se disent « végétariens» mais continuent à manger du poisson ou pire, de la volaille, sous prétexte que tous les animaux ne se valent pas (ben oui, c’est quand même très bête une poule, alors qu’un agneau c’est tout mignon…).
Alors qu’est-ce qui justifie le fait de passer à une alimentation quasi exclusivement végétale alors que l’état « naturel » de l’homme est d’être omnivore ? On dit que c’est le fait de cuire la viande qui a permis à l’hominidé préhistorique de développer ses facultés mentales et donc d’évoluer. Le végétarisme serait-il l’ultime stade de l’évolution humaine? Pourquoi pas. En tous cas les bonnes raisons de le devenir sont nombreuses :
Éthiques
Les végétariens convaincus évoluent souvent vers le véganisme (ou végétalisme) par souci éthique. En effet être végétarien va souvent de pair avec le fait d’être anti-spéciste, c’est à dire de refuser la hiérarchisation des espèces. Contre l’élevage et l’expérimentation animale les anti spécistes considèrent que nous ne sommes pas au sommet de la pyramide des espèces, mais une partie d’un grand tout (voir visuel).
Refuser la souffrance des êtres vivant n’est pas neuf puisque c’est une large part de la philosophie bouddhiste. Tout faire pour ne pas nuire, ne pas se nourrir de la souffrance animale, ne pas faire de son corps un cimetière, font donc partie de ces principes qui guident les végétariens par conviction éthique.
Écologiques
D’autres sont plus sensibles à l’état de la Terre et savent que le réchauffement climatique est aggravé par la consommation de viande à grande échelle. L’élevage intensif est extrêmement gourmand en ressources et entraîne déforestation, érosion, épuisement des réserves d’eau. D’après Greenpeace, l’élevage de bétail est responsable de 80% de la déforestation de l’Amazonie Brésilienne. Un hectare y serait cédé chaque seconde aux éleveurs de bétail.
L’élevage fait également exploser les taux de CO2 dans le secteur. Ce n’est pas pour rien qu’Albert Einstein disait : « Rien ne saurait être plus bénéfique à la santé humaine ni accroitre les chances de préserver la vie sur terre que l’évolution vers un régime végétarien ».
Sur une planète de plus en plus peuplée où les crises alimentaires sont amenées à se multiplier, la nécessité d’adopter un régime végétarien est qui plus est d’une implacable logique : Il faut 10 kilos de protéines végétales pour produire 1 kilos de protéines animales. On devient souvent flexitarien pour ce genre de considérations, en commençant par ne plus consommer que de la viande issue de l’agriculture paysanne — encore faut il avoir un boucher versé dans le sujet.
Santé
Il est prouvé qu’un régime végétarien réduit les risques de maladies cardio-vasculaires ainsi que les risques de cancer du colon et de la prostate. Dans l’absolu, c’est un mode de consommation qui tend à faire adopter de bons comportements alimentaires ce qui a des répercussions sur l’état de santé général et la longévité.
Pour autant il ne faut pas se jeter sans réfléchir dans un tel changement alimentaire. Quelques notions de nutrition s’imposent afin de vivre sereinement ce changement d’habitudes et de n’en ressentir que les effets positifs.
Les végétariens doivent surveiller leurs apports en fer, en zinc et en Oméga 3. Les végétaliens doivent également faire en sorte de consommer suffisamment de calcium et de vitamine D. Encore plus important, attention à ne pas être carencé en vitamine B12. Cette dernière est nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux et, comme elle ne se trouve que dans les produits animaux, les végétaliens (et les végétariens dont la consommation d’œufs et de laitages est insuffisante) de la consommer sous forme de compléments alimentaires.
Afin de tirer le meilleur profit des protéines végétales, moins facilement assimilables que les protéines animales, il est également nécessaire d’associer légumineuses et céréales au cours d’un même repas ou au moins dans une même journée. Il ne s’agit donc pas simplement de supprimer des aliments de son assiette, mais bien de repenser entièrement sa façon de se nourrir et de découvrir de nouveaux ingrédients.
Pour finir voici quelques aliments indispensables dans un placard veggie ou vegan :
- Tofu ou lait de soja
- Céréales anciennes : millet, quinoa, sarasin…
- Légumineuses (pois chiches, haricots secs, lentilles)
- Graines (chia, lin, courge, sésame, …)
- Noix (macadamia, noix de grenoble, amandes…) – graines et noix devraient idéalement être trempées quelques heures pour favoriser l’assimilation de leurs nutriments.
- Huile de lin et de colza
- Levure enrichie en B12
- Germe de blé
- Champignons shiitake
- Spiruline et autres microalgues
Crédits photos :
« Graines de courge sechees » par Romain Behar — Travail personnel. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons
Pyramide végétarienne tirée du site vegactu