Entre ses composants et sa consommation, notre ordinateur personnel est peut-être l’élément le moins vert de notre vie (quand on essaye de vivre avec le souci du durable). Mais ça n’est pas une fatalité, même les geeks peuvent devenir éco-responsable. Il suffit d’appliquer quelques mesures simples.
On y pense rarement mais c’est logique : l’énergie dépensée par nos ordinateurs ne se limite pas au lieu où ils sont branchés. Le virtuel entraîne des consommations bien réelles. Nos habitudes notamment en ligne nous rendent plus ou moins énergivores et polluants. On sait bien que les bons réflexes vont être difficiles à prendre (on culpabilise plus en jetant un papier gras par terre qu’en envoyant un mail trop lourd) mais voici quelques pistes :
Limiter les requêtes en ligne
Une étude de l’Ademe a analysé l’impact de nos modes d’utilisation d’Internet sur le changement climatique et sur l’épuisement des matières premières. Chaque internaute français fait en moyenne 949 recherches en ligne par an, ce qui correspond à une émission de 287 600 tonnes équivalent CO2. Du coup on se dit que ça vaut peut-être le coup de réduire son impact là aussi.
Pour toutes les questions auxquelles Internet peut répondre, on ne va pas vous demander de vous creuser un peu la cervelle avant de taper (quoique…), non. Par contre pour une adresse à laquelle vous vous rendez régulièrement (recettes de cuisine favorites, banque en ligne, services publics, sites de rencontre, réseaux sociaux…), enregistrez vos sites préférés dans un onglet favori : chaque requête Google (ou autre) entraîne une succession de mécanismes entre data center, hébergeur et serveurs qui dépensent de l’énergie. Le simple fait de passer par des favoris plutôt que par une recherche Google divisera par 4 les émissions de gaz à effet de serre.
Réduire et limiter les pièces jointes
Selon la même étude de l’Ademe « l’impact climatique de l’envoi d’un courriel avec pièces jointes augmente sensiblement avec le poids des pièces jointes, le nombre de destinataires et leur temps de stockage sur un serveur. » Non seulement les mails ont un impact climatique mais aussi un impact en termes d’épuisement des ressources. Ainsi un mail envoyé avec une pièce jointe de 1M consomme 7,5g équivalent de fer (le fer est ici utilisé comme indicateur car d’autres matières premières peuvent être utilisées).
Inutile de mettre les pièces jointes dans votre réponse par exemple. Il est également préférable de compresser ses pièces jointes volumineuses, ou d’envoyer un lien vers un espace de stockage à vos destinataires.
Limiter les destinataires
On vient de le voir, à chaque destinataire ajouté dans un envoi groupé, le poids écologique de nos mails grossit. Il vaut mieux agir un peu comme pour un mailing papier quand on veut réduire les coûts : n’envoyer qu’à ceux qui pourraient être concernés.
Ne pas stocker inutilement
Le stockage des mails sur nos boites fait partie de ces pollutions invisibles dont on ne se doute pas. Faire régulièrement le ménage dans sa boite aux lettres est donc un geste utile. Quant à l’élimination des spams, elle se fait avec d’autant plus d’enthousiasme qu’on sait qu’en plus de nous agacer ils polluent l’environnement.
Éteindre l’économiseur d’écran
Ils sont bien jolis ces économiseurs d’écran qui balayent l’écran pendant que l’ordinateur est en veille. Mais ils consomment presque autant que si l’ordinateur était en mode actif. D’autant que leur raison d’être était de prolonger la durée de vie des écrans cathodiques. Une espèce désormais rare…
Éteindre son matériel la nuit
Même en veille, les appareils consomment. Penser à éteindre la connexion internet et l’ordinateur la nuit (et même à débrancher la prise). Pour la connexion Internet, s’il y a des insomniaques ou des ados à la maison c’est mission impossible. Pour l’ordinateur c’est plus simple.
Penser au recyclage
Une fois arrivé au bout de son cycle de vie, votre PC devra bien entendu être recyclé. Pas compliqué : soit vous le ramenez au magasin où vous achèterez le suivant et ils se chargeront de le recycler, soit vous l’apportez en déchetterie.
Ces petits gestes n’ont peut-être l’air de rien pour un particulier, mais à l’échelle d’une PME d’une grosse multinationale ou de tous les utilisateurs d’un pays c’est énorme. N’hésitez donc pas à informer votre boss, il pourrait peut-être même en profiter pour obtenir un label écofriendly.
Tous les conseils de l’Ademe pour une pratique responsable de l’internet et de l’ordinateur ici :https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-internet-courriels-reduire-impacts.pdf
Passer au portable
Dans son rapport sur le gaspillage énergétique daté de 2009 (déjà !) Greenpeace se réjouissait de voir les ordinateurs portables supplanter les tours dans le cœur et les bureaux des Français. Les portables consomment en effet 50 à 80% d’énergie en moins que les tours. Si l’économie réalisée (40 KWh/an) paraît minime, elle est pourtant notable au niveau national : si tout le monde remplaçait sa tour par un portable à écran LCD, l’économie d’énergie serait d’environ 1TWh/an.
Ne pas changer trop souvent de matériel
En 25 ans la durée d’utilisation d’un ordinateur individuel a été divisée par trois. On les gardait 10 ans à l’époque, aujourd’hui c’est 3 ans en moyenne. Responsables : des systèmes d’exploitation de plus en plus gourmands. Choisir des ordinateurs suffisamment puissants pour supporter l’évolution des systèmes d’exploitation permet de limiter le turn over. C’est un investissement, mais à terme c’est plus rentable et plus green. Toujours selon l’Ademe, prolonger la durée de vie de son ordinateur de 3 ans permettrait d’éviter de rejeter 2,3kg d’équivalent CO2 par an. À l’échelle nationale c’est 500 milions de km en voiture !
Devenir un Gamer vert
Les ordinateurs destinés au gamers* consomment 20% de la totalité de l’énergie consommée par les ordinateurs, soit 75TWh par an. Il faut dire qu’ils ont d’énormes besoins avec leurs grosses cartes graphiques et leurs processeurs surpuissants. Evan Mills, un chercheur du MIT de Boston dont le fils est un de ces gamers énergivores, a eu l’idée d’étudier sérieusement la question et de chercher des solutions. En assemblant lui-même un ordinateur aux composants soigneusement choisis il a réussi à rendre la bête 2 fois moins gourmande mais tout aussi efficace. Une économie de 16 milliards d’euros par an soi dit en passant si tous les gamers s’y mettaient. Pour inciter les joueurs à agir pour l’environnement, Evan Mills et son fils ont donc conçu une plateforme d’évaluation et de conseil pour les gamers : greening the beast !
*C’est comme ça qu’on appelle les passionnés de jeux vidéo qui s’y adonnent de façon intensive.
Suivre les labels
Les labels publics ou issus de compagnies privées fleurissent sur le matériel informatique. Tour d’horizon :
ECOLABEL EUROPÉEN
Pour les PC et les ordinateurs portables : Ce label signifie que le matériel a des impacts environnementaux minimisés au cours de son cycle de vie. Qu’il est économe en énergie, facilement recyclable et réparable et que son rétroéclairage est sans mercure. www.ecolabels.fr/fr/
NORDIC ECOLABEL
Pour les ordinateurs et les moniteurs : Ce label signifie que le produit est énergétiquement performant, que la présence de certaines substances dangereuses pour la santé humaine y est limitée, qu’il est facilement recyclable et réparable. www.nordic-ecolabel.org/
TCO CERTIFIED
Pour les ordinateurs et les moniteurs : Ce label signifie que le produit est énergétiquement performant, que la présence de certaines substances dangereuses pour la santé humaine y est limitée, qu’il est facilement recyclable et réparable, que les champs électromagnétiques et électrostatiques sont limités. www.tcodevelopment.com
ENERGY STAR
Pour les ordinateurs et les moniteurs : Ce label signifie que le matériel présente de bonnes performances en termes de rendement énergétique. www.eu-energystar.org/
EPEAT (or argent, bronze)
Pour les ordinateurs et périphériques. Ce label signifie que le matériel présente de bonnes performances en termes de rendement énergétique et que + ou- 65% de ses composants sont recyclables ou réutilisables. www.epeat.net/
Photo créative Common CC0 1.0 Universal
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