J’ai l’impression d’être dans une publicité! Cette vision m’est apparue un matin dans le reflet du miroir de ma salle de bain, alors que j’attaquais ma corvée de rasage, un rasoir jetable dans une main et une bombe de mousse à raser dans l’autre. Et si je choisissais par moi même une autre façon de consommer, qui pollue moins et qui me ressemble.
J’ai donc abordé la pogonotomie (l’art de se raser soi-même) sous un nouvel angle, en commençant par lister dans ma tête les inconvénients du rasoir jetable. Tout d’abord, son efficacité est limitée (il est d’ailleurs conçus pour ça). Une fois hors d’usage, il faudra le jeter (donc produire des déchets) et le remplacer (toujours en acheter un nouveau). Ce cycle de consommation durant toute une vie, imaginez plutôt le nombre de rasoirs qu’il vous faudrait au cours de votre existence…et le business qui en découle. C’est donc naturellement que j’ai entrepris de trouver une alternative à ce mode de consommation à outrance.
Il y avait bien le rasoir électrique, mais sa durée de vie reste limitée, il consomme de l’électricité et nécessite un changement régulier des lames. Les rasoirs classiques avec lames inter-changeables ne consomment pas d’énergie, mais les recharges vendues dans le commerce sont affreusement chers. Je me résignais presque à utiliser ce procédé quand un soir, alors que je regardais un western à la télévision, une scène reteint mon attention. Allongé dans une fauteuil de barbier, un des personnage du film était en train de se faire tailler la barbe avec non pas quatre, ni trois, ni deux, mais une seule lame. Cette méthode plutôt virile m’apparut bientôt comme une vraie alternative au rasoir jetable.
Après quelques recherches, je connaissais enfin le nom de cet outil : le coupe-chou (également appelé sabre), véritable savoir-faire des artisans couteliers, apparu à Sheffield (U-K) en 1680. Ce rasoir à lame fixe (qui se replie dans le manche) permet tout simplement le meilleur des rasage, il ne produit aucun déchet et si vous apprenez à l’entretenir, vous pourrez vous en servir à vie (et il vous survivra).
Fort de ce constat, j’ai sauté le pas et je m’en suis procuré un. Non sans craintes, j’ai commencé mon apprentissage dans le maniement du coupe-chou en laissant glisser sa lame tranchante sur ma peau, la moindre erreur étant immédiatement sanctionnée par une coupure (plus ou moins profonde). Cette technique demande de l’application, un certain goût du risque mais procure une sensation unique et une satisfaction inégalable.
L’utilisation du coupe-chou est de moins en moins répandue, surtout dans les pays développés qui préfèrent avoir recourt aux produits de consommation standards, pourtant, il reste de loin le rasoir le plus économique et le plus écologique.
Le choix de ce procédé de rasage peut sembler anecdotique et prêter à sourire, mais quand on imagine le milliers de tonnes de déchets que représente l’industrie du rasage, on se rend compte que le mode de vie actuel et les habitudes de consommation ont un impact important sur notre environnement. Une prise de conscience collective est nécessaire, mais c’est à chacun, dans ses gestes du quotidien de devenir acteur du changement.
Je n’aurais jamais pensé lire en entier un article concernant la « pogonotomie », mais ce fut très instructif … Je viens de le tweeter !
Il y a des jours comme cela … merci !
Comment entretenez-vous ce rasoir ?
Nécessite-t-il d’être aiguisé ?
C’est vrai que les lames des rasoirs interchangeables ont des prix particulièrement élevés.
Bonjour Cyrille,
effectivement, le coupe-chou a besoin d’un affutage régulier qui se fait avant (ou après) chaque rasage sur un cuir en utilisant une pâte abrasive.
Personnellement j’utilise la marque Puma (prononcer Pouma pour ne pas avoir l’air d’un novice) elle est disponible dans les armureries.
A l’achat, le coupe-chou est souvent mal aiguisé, il faut alors refaire le fil sur une pierre de Coticule.
Je compte réaliser un article avec des conseils pour se lancer dans le rasage avec un sabre (où trouver son matériel, comment se raser, entretien…).
Merci pour ta réponse.
Voila une très bonne idée :-))
sympathique article..
Quant à moi j’ai choisi une autre méthode, tout aussi écologique, voire peut-être même d’avantage:
les ciseaux!
Ca a un inconvénient majeur: ça ne rase pas de très près. Il faut aimer les barbes de 1, 2 jours et environs..
Les avantages: pas de mousse, pas d’aftershave, pas d’irritations de la peau, un outil qui servira sans doute pour la vie et ne s’use virtuellement pas..
🙂
Je suis directement concerné par cet article, pas plus tard que samedi j’achetais des rasoirs jetables d’un air résigné. Pour ce qui est de la mousse à raser, il faudrait également passer à autre chose non?
Question : ou je peux me procurer un coupe-choux? Sans me prendre le chou… Ok je sors.
@Ben, il existe les savons à barbe pour remplacer la mousse à raser mais il faut acheter également un blaireau pour faire mousser.
Si tu souhaites vraiment te lancer, prends du bon matériel tout de suite car ça ne sert à rien de ré-investir plus tard.
Concernant le coupe-chou, j’ai acheté du made in France : « le Dandy » de Thiers Issard
C’est une excellente idée, par contre, il faut réussir à prendre le coup de main !